
De retour en France.
Depuis notre retour en France en 2008, jusqu’en 2017, nous avons consacré l’essentiel de notre temps à des opérations de rénovations ou de constructions, soit pour notre compte, soit pour autrui. Trois motivations ont justifié cette activité
• Nous rentrions de Madagascar, fort de notre pécule, fruit de la vente de nos entreprises malgaches, mais sans activité professionnelle en France et avec une future retraite amputée par 15 années d’exil, sans cotisations sociales françaises. Cette situation justifiait d’incrémenter notre budget d’un revenu pour servir les 4 années à venir, ainsi que pour compléter ma retraite à partir de 2012. Nous avons imaginé d’investir nos économies dans l’investissement immobilier locatif, afin de pallier à cette carence de revenus.
• Mes trois enfants aînés, Alexandre, Jonathan et Charlotte avaient très jeunes, acheté plusieurs appartements chacun dans l’immobilier ancien. Un changement de locataires imposait une remise en état de l’appartement concerné, pour le rendre suffisamment attractif au nouveau client, plus exigeant. Ces opérations variaient d’un simple relooking à une reconfiguration plus lourde. J’allais les assister.
• Nous logions à Bordeaux, dans notre échoppe rue Audeguil, mais nous avions prévu de vivre dans une ville côtière du Sud-Ouest et nous avions retenu, soit Biarritz, soit Arcachon. Il nous fallait donc, pour cela, modifier notre organisation de résidence principale ou secondaire. Cela nous a également conduit à rénover ou à construire.
C’est donc ainsi, que durant ces 9 années, nous avons réalisé une quinzaine d’opérations.
Le récit qui suit, raconte l’histoire de la rénovation du studio de mon fils Jonathan, place d’Italie à Paris. Ce n’est pas une rénovation importante, mais simplement plutôt une remise en confort et un relooking. J’ai choisi cet appartement pour les conditions particulières et un peu rocambolesques de cette rénovation.
Le studio de Jonathan :
En 2010, Jonathan qui travaille à Paris, habite un studio d’une vingtaine de m2, situé au 4ème étage, sans ascenseur, d’un immeuble situé dans une petite rue (rue du Père Guerin) donnant sur la Place d’Italie, à Paris, dans le 13ème. Cet appartement ancien est comme on dit « dans son jus » et Jonathan décide, pour un meilleur confort et une meilleure revente éventuelle, de le remettre au goût du jour.
Les travaux envisagés passent par la modification de l’espace salle d’eau, par la création d’une petite kitchenette, à la place de ce que l’on peut appeler un point de cuisson, par la pose d’un parquet flottant au sol, par une révision de l’installation électrique, par la création de placards et peinture générale.
Donc, rien d’extraordinaire, si ce n’est les conditions particulières de réalisation qui risque de compliquer sensiblement l’exécution. Nous sommes à Paris, confrontés aux difficultés de stationnement pour charger ou décharger. L’appartement n’ouvre sa porte, qu’après avoir affronté, sur quatre étages, un escalier étroit, car ce logement était certainement autrefois, un appartement de service pour le personnel de maison. Les travaux peuvent être bruyants et les voisins parisiens n’aiment pas le bruit, surtout à des heures incongrues. Nous devons respecter un budget serré que nous avons évalué à 10.000 € tout compris.
Comme vous allez le constater, ces contraintes allaient légèrement chahuter notre intervention.
La préparation prime l’action :
Seule une bonne préparation, pouvait nous laisser une chance de remplir ces objectifs.
Ermelinda, comme à son d’habitude, nous a trouvé le bon plan, à partir des esquisses ou des mauvaises idées que nous avons proposées. Cela m’a permis d’établir la liste quantitative des matériaux nécessaires et d’effectuer le chiffrage, de mesurer l’ampleur du travail et d’établir les conditions et les délais d’exécution.
Je vais conduire cette opération aidée de Bruno, vous savez ce jeune camarade dynamique, rencontré à Madagascar, sévèrement testé par une opération commerciale excitante et confirmé dans le partage de travaux, sur Bordeaux et Arcachon. Je suis sûr de mon bon choix tant technique, que par sa bonne humeur récurrente, qui nous sera bien utile. Jonathan se rendra également disponible en assistance.
Nous avons décidé de ne consacrer qu’une seule semaine à ce chantier, aller-retour Bordeaux Paris compris. C’est donc de « l’express ».
Je vais prendre le temps d’acheter en discount les matériaux nécessaires, que je vais accumuler dans mon garage bordelais, pour ensuite les charger par lots numérotés, dans un fourgon de location qui nous véhiculera sur Paris. En effet, il nous sera impossible de décharger, faute de place, l’ensemble des matériaux de construction, à notre arrivée. Cela d’autant plus qu’il nous faudra dégager à la déchetterie, les gravats de nos démolitions. Donc, cela se fera par lots : décharger le lot matériaux n°1, charger le premier lot de gravats pour la déchetterie, décharger le lot matériaux n° 2, charger le 2ème lot pour la déchetterie…etc. De même pout l’outillage nécessaire.
L’exigence du délai court est réglée par un planning prévisionnel des temps d’exécution, qui me fait établir une fiche stricte de réalisation journalière, la partie variable étant le temps passé chaque jour à l’action. C’est déjà très chargé prévisionnellement, cela risque de s’aggraver concrètement, mais dormir vite pourra compenser dormir peu !
Côté budget, ça passe juste, y compris l’évaluation des inévitables contraventions de stationnement intempestif pendant les déchargements et les chargements, le fourgon garé sur le trottoir de la rue, warning allumé, police au cul !
L’action :
Après avoir chargé le fourgon loué le vendredi, nous prenons la route le samedi, pour atteindre Paris en fin d’après-midi. Le seul meuble important de l’appartement est un canapé lit confortable, mais surtout imposant : Il deviendra vite notre ennemi.
Dimanche, 7 heures, nous attaquons le sol surélevé coté salle d’eau au marteau piqueur, nous avons tous les trois, oublié que nous étions dimanche, mais le voisin d’en dessous le sait. Il vient nous signifier son étonnement. Nous nous excusons tout en lui rappelant, pour la suite, que nous avons laissé un mot d’avertissement aux voisins pour attirer leur indulgence sur des gênes significatives, mais de courte durée.
On se contentera donc d’arracher la baignoire, de virer les éléments cuisine, charger les gravats et préparer la plomberie. Nous avons déjà bougé plusieurs fois ce putain de canapé. Dîner au resto d’en bas, garer le fourgon, et nuit à l’hôtel préalablement réservé.
Lundi 7 heures, nous complétons le chargement pour la déchetterie. Surprise, elle est privée, donc payante suivant le cubage déchargé. Le préposé nous annonce 150 euros. Je propose un billet de 50, sans facture. Ça marche, et je prends le soin de demander au corrompu, quel est son jour de repos, que nous éviterons.
Les cases de la fiche du dimanche sont remplies à 21 heures, presque une journée tranquille. Dîner, douche à 23 heures et repos jusqu’à 6H30. Le bahut en warning sur le trottoir, Bruno et Jonathan montent les plaques de placo en me remerciant d’avoir pris des 60 de large, plutôt que des 120 : je les sens en souffrance car l’escalier à certainement rétréci dans la nuit ! Nous croisons le voisin de dimanche surpris mais résigné. La surveillance du camion sur le trottoir a porté ses fruits, et nous évite une première contravention, par une petite négociation assez facile. Nous réservons les travaux « silencieux » pour la fin de journée, mais en journée, c’est difficile. Nous subissons de nouvelles remontrances, mais ils travaillent quand ces parisiens ?
Nos relations avec le canapé s’enveniment. L’hôtelier, de garde cette nuit, nous demande pourquoi nous avons réservé un hôtel, pour si peu en profiter. Mardi, journée plomberie pour le bac à douche qui remplace une baignoire trop encombrante et pour la future kitchenette avec quelques repiquages intempestifs. On commence déjà à s’habituer au rituel : Décharger le lot, charger les gravats, négocier la déchetterie, opérer en « silence », garer le bahut, et… bouger ce pu…. de canapé ! Le voisin semble vieillir de jour en jour, mais il supporte. L’autre voisine nous fait un sourire qui ressemble à une grimace, mais elle reste aimable. A part, la journée de 13 heures de mercredi, nos horaires quotidiens de 10 heures satisfont nos fiches journalières. Ça me paraît normal, Bruno ne s’en plaint pas, mais il doit se demander pourquoi il a négocié un prix forfaitaire à la journée ? Nous réglerons cela en fin de chantier. Jonathan reste motivé car il voit bien l’avancement, avec cependant quelques traces apparentes de fatigue. Est-ce pour cela qu’il se charge d’un aller-retour chez Bricorama, en métro, pour compléter la fourniture de la sous-couche du parquet, presque un voyage d’agrément, les plaques de feutre sous le bras ! Une simple erreur d’addition des m2, qui bouffe 3 heures. Un seul voyage chez Bricorama, nous aura suffi en complément de notre stock, à la vis près.
Nous sommes le samedi, sur un banc, dans un jardin public, à saucissonner avec une bouteille de rouge, façon clodo, mais loin du canapé : nous fêtons la fin du chantier. La voisine, vous savez celle, qui sourit en grimaçant, nous rend visite et constate étonnée, le changement qu’elle croyait impossible. Elle nous demande combien cela coûterait pour faire pareil chez elle ? On lui dit qu’en fait, on ne sait pas vraiment faire, mais qu’on a eu de la chance, sur ce coup-là, tout en la remerciant de sa gentillesse. Elle nous gratifie d’un sourire, façon rictus cette fois.
Nous laissons à Jonathan quelques finitions peinture. Un dernier regard sur cet en…. de canapé et route pour Bordeaux.
Mission accomplie :
L’addition prouvera que la prévision était bonne. Le partenaire choisi aussi, c’est pas de la « chochotte ». La satisfaction du pari gagné soulage la fatigue. Sur le retour nous ne parlons pas du chantier, mais un peu du canapé : Il nous manque déjà !
ahahahah ! J’ai pleuré de rire à lire cet article, ça m’a rafraichit la mémoire. Je me souviens comme si c’était hier du voisin déboulant à 7h du mat en pyjama et les yeux collés découvrant un gars à genou avec un burineur et les autres autour tout aussi occupés, il en perdait ses mots 😉
Je me rappelle aussi de cette p…. de vis de paroi de douche
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Excellente expérience qui m’aide toujours dans la préparation de mes chantiers actuels…
Je me rappelle aussi qu’au retour on parlait de ce business model pour démultiplier l’expérience : Rénovation Express : votre appartement rénové en une semaine. Personne ne s’est lancé encore !
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