Rembourser ou ne pas rembourser ?

En Avril 2022, dans seulement un an, aura lieu la prochaine élection présidentielle française.
Il est fort probable, que lors des débats préalables, la question du remboursement ou du non remboursement de la dette française, soit un sujet déterminant, pour le choix du bon candidat.
Cela est normal, car ce sujet touche directement le portefeuille des français.
Ce choix, qui pourrait déterminer le vote, est pervers et particulièrement dangereux.
En effet, si on exclu la toute petite minorité de personnes férue en économie, la grande majorité d’entre nous n’y comprend pas grand-chose, ou du moins, ne voit pas très bien, en quoi tel ou tel choix, changera sa vie. Il y a deux raisons à cela :

  • La première est que l’économie, et particulièrement l’économie financière est un sujet compliqué, qui demande un bagage de connaissances préalables, que nous n’avons pas,
  • La deuxième est que les débats entre les candidats politiques, ne tiennent pas vraiment compte du fait de cette difficulté du peuple à comprendre leurs propos. Ils sont là, seulement pour séduire.

Le côté pervers réside donc dans le fait que sans connaissance particulière en économie, si on propose aux français de conserver ou d’effacer la dette de la France, le choix naturel sera automatiquement d’effacer la dette, même avec le petit doute que cela paraît « bien miraculeux. »

L’objectif des explications qui suivent est de permettre une compréhension suffisante de ce sujet (remboursement ou non remboursement de la dette) pour appréhender en quoi cela peut changer notre vie.

Pour ce faire, je vais tenter de comparer ce sujet abstrait, à des situations que nous pouvons tous apprécier d’un côté, et par ailleurs, de le simplifier au maximum en montrant les incidences que telle ou telle décision peut avoir sur notre vie future de tous les jours.
Les chiffres seront également volontairement arrondis par soucis de simplification. 

Une comparaison :  

Je suis pêcheur de bars. Ce poisson carnassier se pêche de deux manières : aux vifs ou aux leurres. Le bar qui voit un vif ou un leurre est très content.
Il le dévore alors sans voir l’hameçon qui y est caché. Pour ce poisson bien ferré c’est alors la mort quasi assurée.

En matière économique, c’est la même chose : Il y a l’apparence simple des choses, comme le vif ou le leurre, et ce qui s’y cache derrière. La conséquence de décider, sur la seule apparence, peut être tout aussi dramatique pour nous, qu’elle l’est pour le poisson, qui a mordu, sans voir l’hameçon caché. 

Il y a également une autre similitude : celle du vif ou du leurre.
Le vif est un poisson vivant que l’on a préalablement péché ailleurs, pour le mettre au bout de sa ligne sur le lieu de pêche. On n’a donc pas augmenté la quantité de petits poissons dans l’eau, on l’a simplement déplacé.
Alors que c’est différent pour le leurre, puisqu’il s’agit d’une fabrication en usine qui augmente, de manière factice, le nombre de petits poisons apparents dans l’eau.

Il en est de même pour la dette française qui se réparti en deux provenances différentes :

  • La dette (les vifs) qui est composée d’argent existant que possède des prêteurs (des économies de particuliers, des banques, des organismes financiers, des compagnies d’assurances) qui vont prêter cet argent à l’Etat Français,
  • La dette (les leurres) qui n’existait pas, mais que la Banque Centrale Européenne (BCE) a fabriqué en imprimant des nouveaux billets pour prêter cet argent (fabriqué en usine, donc facticement créé) à l’Etat Français.

(Gardez cela en mémoire, car nous y reviendrons plus tard.)

Les défenseurs du non remboursement de la dette française ne parlent en fait que des « leurres » c’est-à-dire de l’effacement ou du non remboursement de la partie de la dette en provenance de la BCE et non pas du reste de la dette envers les particuliers, les Cie d’assurances… 

DONC, PREMIERE COMPREHENSION : Quand on parle d’effacement ou de non- remboursement de la dette on ne parle que de 20 % du montant de la dette totale.
A ce jour, la dette totale de la France est de 2800 milliards d’euros, la BCE détient donc environ 560 milliards d’euros : C’est de cette somme dont on parle.

Ramené à notre portefeuille :

L’Etat français a donc 2.800 milliards d’euros de dettes. Mais en fait, l’Etat, ce sont les français dans leur totalité. Cela veut concrètement dire que chaque français (nous sommes 68 millions) est endetté d’environ 40.000 euros chacun, pour le compte de l’Etat. 


A qui devez-vous cet argent ?

  • Pour 40 % à des prêteurs étrangers, soit environ 16.000 euros,
  • Pour 40 % à des prêteurs français, soit environ 16.000 euros,
  • Pour 20 % à la BCE, soit environ 8.000 €.

C’est donc, individuellement, de ces 8.000 euros dont nous parlons.

Quelle sont les conditions de prêt et de remboursement ?

  • Le taux d’intérêt est excellent puisqu’il est quasiment nul, donc jusqu’à son échéance de remboursement, ce prêt ne coûte rien.
  • Contrairement aux prêts aux particuliers, auxquels nous sommes habitués, on ne rembourse pas le capital par mensualités, mais tout, en une seule fois, au bout de 10 ans, par exemple.

Mais alors, à l’échéance du prêt ?

Facile, à l’échéance du prêt, comme l’on n’a pas l’argent pour rembourser, il suffit de réemprunter la même somme pour rembourser le prêt à écheance. Le tour est facile. Oui, mais à condition que le nouveau prêt soit également fait à taux zéro, donc sans intérêt. Et cela peut durer indéfiniment, à la seule condition que le taux d’intérêt reste à ZERO. (Ou presque à zéro).
C’est précisément comme cela que fait l’Etat français ces dernières décennies.

DONC, DEUXIEME COMPREHENSION : Notre souci ne porte pas sur le fait d’être ou de ne pas être endetté, mais seulement sur le maintien du taux d’intérêt très faible, proche de zéro. Il nous faut donc tout faire pour que les taux d’intérêts restent à ZERO.

Comment fonctionnent les taux d’intérêts ?

Dans cette affaire, vous l’avez compris, les taux d’intérêts sont la question primordiale.
Imaginez que vous alliez dans la galerie d’art de votre quartier, dans l’intention d’acheter un joli tableau, pour décorer votre entrée. Le marchand vous propose une jolie gouache à 1600 euros. Vous vous posez la question, alors que l’encadrement coûte 150 euros, la peinture apposée100 euros et le temps passé 200 euros au prix moyen de l’heure : Comment peut-il me demander un prix aussi exorbitant ?
C’est simplement parce qu’il pense vendre assez facilement ce tableau, car cela fait la cinquième demandes aujourd’hui. C’est le grand nombre d’acheteurs possibles qui détermine le prix possible.
En matière de taux d’intérêt, c’est la même chose. Plus les gens veulent prêter à la France, plus le taux d’intérêt est faible. Moins de préteurs, égale un taux d’intérêt plus élevé. C’est ce qu’on appelle la loi de l’offre et la demande. Impossible d’agir directement sur ce phénomène.
En matière de taux d’intérêt, c’est la confiance qui fait le prix.

DONC, TROISIEME COMPREHENSION : C’est la confiance des prêteurs envers leurs emprunteurs qui détermine le taux d’intérêt. Casser la confiance engage automatiquement une hausse des taux d’intérêts.

Les « pro-annulation » de la dette BCE, vous diront que les préteurs ne perdront pas la confiance en la France, qui ne rembourserait pas la seule dette BCE, en prétendant qu’ils feront bien la différence entre la dette BCE et leurs propres prêts ! Ils se diraient : « ce n’est pas grave, ce n’est pas notre argent !! » ou bien, se diraient-ils « S’ils ne remboursent pas la dette BCE, contrairement à leur engagement, à quand le tour de la mienne ? »  A leur place, que vous diriez-vous ?
Et d’ailleurs, à leur place, vous y êtes déjà, car avec votre dépôt de votre Livret A, vous êtes déjà un préteur de la France. Etes-vous sûr de ne pas vous poser la question de savoir si l’Etat, aux abois, ne pourrait pas décider une petite ponction sur votre livret ?

L’inflation, c’est quoi ?

L’inflation, c’est la valeur de l’argent. La valeur d’un euro dépend de ce que l’on peut acheter avec.
Souvenez-vous de l’argent fabriqué par la BCE : le leurre. La BCE le fabrique et le prête aux pays qui en ont besoin notamment pour compenser les pertes liées au Covid. La contrepartie de cette fabrication d’argent nouveau est l’emprunt, par les prêts accordés aux pays.
Si l’emprunt est annulé par le non remboursement du prêt, cela a pour effet d’augmenter la masse d’argent sans contrepartie et donc d’augmenter la masse monétaire disponible.

Et là, second effet pervers, car si on augmente la masse d’argent disponible, cela fait baisser la valeur de l’argent et le prix des biens augmente : Cela crée de l’INFLATION.

DONC, QUATRIEMME COMPREHESION : Ne pas rembourser les prêts de la BCE augmente la masse de monnaie disponible et cela créait de l’inflation qui augmente le prix des biens, ce qui annule l’intérêt du non remboursement

  
L’impossibilité pratique du non-remboursement :

De toute façon, il est impossible de pratiquer le non remboursement, pour deux raisons bien simples :

  • Le règlement de la BCE interdit cela. Bien sûr on peut changer les règles. Eh bien, non, car pour cela il faudrait que tous les pays de l’Union Européenne soient d’accord. Et cela n’est pas près d’arriver pour demain : demandez donc aux Allemands ce qu’ils en pensent.
  • Alors, autre solution : Au diable le règlement de la BCE. Nous, français et gaulois de surcroît, décidons nous-même de ne pas rembourser. Cela veut dire : laissons les autres pays de l’UE payer notre dette pour nous !

Penser que nos amis du Nord ne réagiraient pas est digne de la fée Carabosse et totalement irréaliste.

DONC, CINQUIEME COMPREHENSION : Ne pas rembourser la dette française de la BCE est totalement irréaliste sur la plan pratique car cela demande l’accord de tous les autres pays de l’U.E, qui n’ont aucun intérêt à nous l’accorder.        

CONCLUSION :                                                                       

Voici donc les cinq raisons qui rendent impossible, ou pour le moins contre-productif, le non remboursement de la dette BCE.


Alors, me direz-vous, dans ce cas, pourquoi nombre de politiques et d’économistes réputés le proposent-ils ?

– Chez les politiques, vous trouverez les populistes pour qui, toute sucrerie, est suffisamment bonne d’apparence, pour la récolte des voix. Venez, chez moi, on rase gratis !
– Chez les économistes, vous trouverez des théoriciens performants, mais dont les compétences s’arrêtent aux frontières de la théorie idéologique du cours de la fac, qui n’a pas à tenir compte des effets pervers d’ordre « psychologiques » qu’engendrent, cette belle idée conceptuelle, sur le papier.

Parce que sur le trottoir de gauche de leur pensée, on ne rencontre que des gentils et que les râleurs sont sur le trottoir de droite, là où circulent les méchants, ces riches qui paieront à notre place, et qui, gentiment traverseront pour nous embrasser… Mais cela, c’est dans leur rêve… dès que le Covid nous le permettra !

Et puis, dernier point : Je ne sais pas vous, mais moi, si l’Etat se permet de ne pas rembourser ses dettes, je pense que mon banquier va attendre un peu pour la prochaine échéance de mon crédit, qui me fait bien souffrir, tous les 5 de chaque mois. Je vais plutôt aller chez IKEA changer mon canapé pourrit… puisque ça semble si facile !!

« Si j’oubli, l’hameçon, je vote Melanchon. Chez IKEA, je vais changer mon canapé ! » 

« Si Piqetty me dit, mec, c’est fini ton crédit. Je crois que mon banquier, va se faire e…ler ! »

2 commentaires sur « Rembourser ou ne pas rembourser ? »

  1. J’ai toujours vécu avec ce que j’ai dans ma poche, et j’ai toujours mangé à ma faim, habité des endroits sympa ou corrects roulé parfois dans de très belles voitures….et parfois en 4L. Tout ça sans emprunter un centime, mais en travaillant beaucoup ce qui ne m’a pas empêché de beaucoup voyager parfois en business et beaux hôtels, parfois en eco et bouges infâmes. J’ai eu une vie d’homme pas de financier mais aussi une vie d’homme libre sans la chaine du crédit à la patte. Je paie peu d’impôts mais je n’ai jamais demandé des allocations familiales pour élever mes 3 enfants, je n’ai jamais touché d’aide au logement, jamais de chômage et même à 68 ans je n’ai pas touché ma maigre retraite correspondant à une quinzaine d’année de bon et loyaux services dans diverses entreprises. Je n’ai jamais hérité de somme ou de biens fabuleux, je n’ai pas fait d’études mon seul diplôme est le certificat d’étude primaire, j’ai même raté mon CAP d’électricien! en un mot je me suis démmerdé avec ce que j’avais. Je suis l’exemple que l’on peut vivre border line du système sans le cautionner, ni le rejeter. Le soucis tout le monde veut l’argent facile le confort permanent le non soucis du lendemain et des privilèges en pagaille ( là je parle de nos CHERS dirigeants). Peut-être que dans un système sans crédit nous aurions mis plus de temps à inventer le scanner ou l’IRM, mais peut-être aussi que l’humanité serai moins peuplé de zombies de moutons et d’ultra-profiteurs. Alors la dette c’est juste l’expression de la cupidité et de la vie facile d’une (grande) partie des faiseurs de ce système.

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