La petite musique de la dette française

Par notre contributeur Alain, côté Bassin d’Arcachon

La petite musique de la dette française

Vous l’entendez cette petite musique ? D’abord en sourdine, puis de plus en plus prégnante au fur et à mesure que se rapprochent  les échéances électorales. Ce refrain lancinant nous susurre que cette fameuse dette n’en est pas vraiment une, et que son remboursement est sujet à caution. Chantre de cette liturgie, le camarade Mélenchon, protecteur des opprimés – qui vit depuis des décennies sous les ors de la République – nous explique doctement dans son blog la méthodologie qui permettrait, non seulement d’annuler ce fardeau en douceur, mais également de pouvoir réemprunter utilement et à bon compte.

Au départ, son explication est limpide, je le cite : « Pour ce qui est de l’activité réelle, la dette c’est juste un bout de papier ». Jusque-là j’ai compris. Ensuite cela se complique et j’avoue humblement que ma piètre connaissance des circuits financiers s’est heurtée au mur de sa brillante démonstration. En effet, je me posais une question toute bête : mais d’où viennent ces montagnes d’argent déversées sans relâche dans le Trésor français ? Peu éclairé par son exposé sur cette interrogation fondamentale, j’en déduis donc que nous sommes là en présence du paradoxe de la poule et de l’œuf : c’est insoluble !

Redevenons sérieux : la France surendettée a pris la mauvaise habitude de faire rouler sa dette (c’est-à-dire qu’elle emprunte sans cesse pour lui permettre d’assurer ses échéances de prêts). Comment en est-on arrivé là, sachant qu’en 1980 la dette extérieure ne représentait que 20 % du PIB ? C’est simple : Français, quarante ans de laxisme budgétaire vous contemple ! Depuis des décennies les déficits publics s’accumulent  et notre pays est dans l’incapacité de présenter un seul bilan annuel équilibré. C’est un mur de dettes qui s’élève désormais devant nous.

Face à cette situation, il est sans doute facile d’accabler uniquement nos responsables politiques qui ont certes péché par facilité, lâcheté, dogmatisme ou simplement par calcul politicien. Reste que nos compatriotes, habitués à penser que l’argent descend du ciel, arc-boutés sur les avantages acquis, biberonnés aux subventions et aides en tout genre, attentifs à leurs droits en oubliant leurs devoirs, ne sont pas exempts de critiques, et endossent le blocage des réformes empêchant ainsi la société d’évoluer vers une gestion plus rigoureuse des deniers publics. Les solutions existent pour sortir de cette impasse, elles sont connues, mais qui aura le courage de les mettre en œuvre ?

En attendant le miracle, notre pays pour survivre est contraint chaque jour qui passe d’emprunter la bagatelle d’un petit milliard d’euros. Aussi, dès potron-minet, à l’heure où les premiers rayons du soleil dardent et viennent réchauffer les façades glaciales de Bercy, nos fonctionnaires s’activent autour d’ordinateurs afin d’engranger la précieuse manne sur le « marché ». Ce fameux marché est une nébuleuse comprenant des fonds d’investissements, des compagnies d’assurances, des banques, la BCE, ainsi que des Français comme vous et moi (plutôt vous d’ailleurs) qui investissent dans des obligations. Cet ensemble pèse 49 % de la dette totale ; en résumé, pour cette part, ce sont les Français qui prêtent aux Français. En comparaison, si l’on prend l’exemple japonais dont la dette est de… 200 % du PIB, 90 % sont détenus par les investisseurs du pays.

Les 51 % (environ 1300 milliards) restant sont le fait d’investisseurs étrangers, et c’est là que le bât blesse : que va-t-il advenir de notre souveraineté dans ce contexte ? Ne risquons-nous pas de devenir dépendants de nos créanciers ? D’autant que la Chine achète nos obligations à tour de bras et possède déjà 25 % de notre dette négociable ; un énorme moyen de pression ! Vous me direz qu’il est toujours possible d’envoyer le patron de la France Insoumise à Pékin expliquer au camarade Xi Jinping que ces « bouts de papiers » il peut en faire des lampions ! Pourtant, jusqu’ici, tout va bien. Les taux d’intérêts sont au plus bas… mais si demain ils augmentent, que ferons-nous ? Et pendant combien de temps pourrons-nous tenir à ce rythme ?

Nous dansons sur un volcan alors que nos amis allemands nous observent d’un œil curieux, inquiets de nos dérives mais quelque part jaloux de notre insouciance : glücklich wie Gott in Frankreich ! (Heureux comme Dieu en France)… Pourvu que ça dure !

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