Du jour du dépassement

Par Alain


Je ne sais pas vous, mais moi certaines dates m’interpellent ; tiens par exemple les 29 juillet.
En 1108 Louis VI le Gros monte sur le trône et devient roi des Francs (compte tenu de son embonpoint il eut quelques difficultés à s’installer).
En 1836 le roi Louis-Philippe 1 er – il n’y en a pas eu d’autres – inaugure l’Arc de Triomphe voulu par Napoléon suite à la promesse faite à ses grognards : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de triomphe ». Bon, finalement cela ne s’est pas tout à fait passé ainsi, mais la noble intention y était.
Alexis de Tocqueville, le théoricien de la démocratie voit le jour en 1805 (ce grand écrivain-philosophe s’est tout de même fourvoyé en épousant une Anglaise mais heureusement il n’eut pas de descendance).
Enfin le zozo du fascisme, notre regretté Benito Mussolini fit son premier rôt en 1883. Comme quoi même les tyrans les plus sanguinaires ont été d’adorables bébés, c’est fou quand on y pense!
Et en 2021 ? Eh bien l’humanité a consommé toutes les ressources que la terre peut générer en un an ! Ce jeudi 29 juillet restera gravé comme « le jour du dépassement ». Désormais, nous vivons en surexploitant ce que notre planète est en mesure de nous offrir et puisons de manière irréversible dans ses réserves non renouvelables. Certains esprits malveillants m’objecteront que ce n’est pas un drame, nos gouvernants en effet nous incitent à vivre à crédit depuis des décennies et montrent l’exemple en continuant, avec assiduité et une détermination qui force le respect, à creuser le trou des déficits sans que cela émeuve grand monde. Pourtant, selon l’ONG américaine Global Footprint, cette situation ne cesse de se dégrader depuis cinquante ans. Ce jour fatidique est passé du 29 décembre en 1970 au 11 octobre en 1990, puis au 7 août en 2010.
Réchauffement climatique, fonte des calottes glaciaires, déforestation (la forêt amazonienne a perdu plus de un million d’hectares en un an), émission de gaz à effets de serre, records de chaleurs, gigantesques incendies, destructrices inondations, pollutions non maîtrisées sont désormais intégrés à notre quotidien. L’environnement se dégrade et les écosystèmes se meurent, mettant en péril notre civilisation. Pour les scientifiques qui suivent de près ces évolutions « la cause profonde » de tous ces symptômes est « la surexploitation de la terre ». L’on pourra toujours ergoter sur la date ou les causes ; il n’en reste pas moins que la cata est à notre porte… et je crains que les grands raouts, réunissant nos sommités politiques planétaires autour des ces questions, n’accouchent que de mesurettes préservant les intérêts de chacun…
Dernièrement, j’ai rencontré mon confesseur Saint-sulpicien à qui je confiai quelques péchés véniels pour lesquels je reçus la bienfaisante absolution. M’ouvrant ensuite à lui sur ce problème crucial dans la pénombre rassurante de ce haut lieu de la Vrai Foi, le saint-homme, qui n’a pas la langue dans sa soutane et dont la parole n’a rien de jésuitique me répondit « Mon fils, nous avons déjà bouffé la baraque ! ». Tout était dit.

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