Par Alain,

Je ne sais pas vous, mais moi chaque matin avant de déguster le petit café matinal, j’aime à me renseigner auprès de mon calendrier sur le saint du jour et les horaires des marées. Certes, je conçois que l’état de la mer soit infiniment subsidiaire pour l’habitant d’Annecy, mais ici, au bord du Bassin d’Arcachon, cette information rythme notre vie. Donc, en ce vendredi 6 août, pas de saint mais une référence à la transfiguration. Aux mécréants, libres penseurs et autres apostats, je précise que ce terme, pour les catholiques, renvoie à l’épisode symbolique où le Christ apparut à ses apôtres dans sa divinité sur le mont Thabor. Etonnant non ? Pour tout vous dire, j’ai suivi assidûment les cours de catéchisme dans ma prime jeunesse. Depuis, les Voies du Seigneur étant impénétrables, nos chemins se sont séparés, au grand dam de mon confesseur saint-sulpicien, dépité de m’entendre affirmer que je préfère rejoindre Georges Brassens en enfer plutôt qu’aller au paradis avec le cardinal Daniélou. Bon, mais là je digresse, je digresse, et j’en vois qui s’assoupissent…
Donc, ce mot transfiguration m’a fait rêver : et si par un miracle inopiné la raison était donnée à ces milliers de zozos qui arpentent les rues sous prétexte de « lutter contre le diktat du vaccin » ? Que l’on défile pour de nobles causes, ou plus prosaïquement pour défendre son bifteck, je veux bien, c’est un des grands privilèges de notre démocratie, mais occuper ainsi la rue est une attitude irresponsable, imbécile et surtout égoïste. Alors que plane le risque de mutants encore plus transmissibles que le variant Delta, et que nous abordons désormais une quatrième vague, des réfractaires s’entêtent au nom de leur liberté de choix. Quelle liberté ? Si la liberté de chacun est sans limite, une personne ou un groupe ne tardera pas à empiéter sur celle des autres.
Vouloir argumenter ne sert à rien ; expliquer que des maladies comme la tuberculose, la polio, ou d’autres qui ont fait tant de ravages, ont été vaincues par une bonne couverture vaccinale ne les atteint pas, leur philosophie se résume à « je n’ai pas envie de me faire vacciner et je me fous du bien commun». Voilà quelques décennies, deux intellectuels, Lasch et Castoriadis, parlaient déjà « d’un nouvel égoïsme, qui voit les individus se retrancher de la sphère publique et se réfugier dans un monde hallucinatoire dopé par le marketing et la publicité. Les individus n’ont plus désormais de modèles auxquels s’identifier ». Les réseaux sociaux qui distillent informations fantaisistes ou discours haineux, sont là maintenant pour pallier à ce manque !
Et que dire des slogans ? L’imbécillité des arguments, le néant des réflexions ne méritent certes pas que l’on s’y attarde, pourtant, il semble que c’est avec gourmandise que différents médias nous passent en boucle cet affligeant spectacle, donnant ainsi l’impression que toute la France est dans la rue, alors que nous sommes en présence d’une très infime minorité qui ne mériterait pas trois lignes dans les dernières pages de La gazette de Tripenuche-les-oies !
Doux euphémisme d’ailleurs que de parler de composante hétéroclite de ces manifestations ; tous les extrêmes y sont représentés, et le menu du jour ne brille pas par l’harmonie de ses plats : un mélange d’ultra gauche et d’extrême droite, une bonne dose de gilets jaunes, une pincée de complotistes, un soupçon de négationnistes amoureux transis d’un vieux maréchal, le tout arrosé par quelques vieux routiers de la politique, opportunistes à souhait, qui trouvent là le moyen facile de rameuter quelques âmes perdues. Concernant ces derniers, il est amusant de constater que le plus virulent d’entre eux, le sieur Nicolas Dupont-Aignan, chantre d’un état fort, n’hésite pas à piétiner allégrement ses affirmations d’hier : je cite « Nous réconcilierons les Français en faisant respecter les lois de la République ». Etonnant non ?
Mais à cette ratatouille, il manquait bien sûr un élément purement marseillais en la personne de l’inénarrable professeur Raoult, qui propose de s’enfiler dans le nez… du Vicks Vaporub ! Bon, manifestement le cher homme a dévissé et tombe dans une nostalgie enfantine en pensant à sa chère maman qui, lors de rhumes persistants, appliquait tendrement sur sa petite poitrine juvénile ce bienfaisant onguent. Aussi, pour parfaire cette prescription, je propose de prolonger ainsi le traitement : au matin sucez longuement un coquillage Roudoudou, à midi vous mâcherez un bâton de réglisse, au goûter une sucette caramel Pierrot Gourmand fera l’affaire, au dîner n’hésitez pas à prendre un ou deux mistral gagnant, ensuite, un petit ourson guimauve favorisera votre endormissement.
Alain vous recommande

c’est qui ce Alain?
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C’est Alain MOUGINET, mon ami côté Lanton.
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Parfait.
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Je tiens à te rappeler que le cardinal Danielou a eu une mort dans l’extase ;
Rappel des faits, le 15 Paris reçoit un appel affolé de Mme XXXX Rue Saint Denis à Paris. Il était 23 heures ; Une personne inanimée gisait au pied de l’escalier à côté des savonnettes et petites serviettes mises à la disposition de la clientèle de passage qui empruntait cet escalier. Les pompiers arrivent et rien à faire malgré les efforts de réanimation. L’identité du mort est retrouvée sur place : le Cardinal DANIELOU qui officiait à deux pas de la rue St Denis. Deux thèses se sont affrontées : – Il est mort dans l’extase sur un effort surhumain à son âge avancé -Il est mort en extase par sa volonté de convertir les gentes Dames en plein travail
Des chansons estudiantines ont repris ce fait divers ….Que Dieu ait son âme…Le collège de Buzenval pris pour nom collège DANIELOU à Rueil
Les oraisons ont été souriantes bernard
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En incluant ce clin d’œil dans mon texte, je ne fustigeais pas ce brave cardinal qui, après tout , n’était qu’un homme. Par contre, les justifications de l’autorité ecclésiastique sont tout à fait savoureuses. Deux sont à retenir parmi les nombreux communiqués contradictoires : le cardinal est mort « dans l’épectase de l’Apôtre qu’il est allé à la rencontre du dieu vivant »… Et ce sublime monument de tartuferie : « Il est mort d’avoir scruté de trop près le mystère du Mal ».
Alain
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C’est excellent et particulièrement percutant.
J’ai récemment écrit la même chose et j’y ai ajouté quelques réflexions sur notre devise ; le tout, envoyé à l’ami Jacques Agullo.
Un autre Alain
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