
Alain, 1er septembre 2021
Je ne sais pas vous, mais moi je suis très admiratif de la pugnacité avec laquelle certains personnages de cette ethnie bizarre s’entêtent à briguer la magistrature suprême. Reconnaissez qu’il faut un certain courage face aux nombreux défis à relever.
Tenez, imaginez que la France soit une société privée dont on vous propose la présidence du conseil d’administration. Avant toute décision, vous allez éplucher le bilan et les antécédents. Si l’immobilier est indéniablement de qualité, pour le reste, sueurs froides garanties : la société croule sous une dette qui ne cesse de croître, l’exploitation est en déficit depuis des décennies sans que cela émeuve les directeurs exécutifs, le siège social dépense sans compter, les directeurs de régions gaspillent allègrement l’argent dans des investissements aussi hasardeux que somptuaires, les responsables des départements préservent leur baronnies en allouant moult subventions à leurs affidés, les antennes locales, sous prétexte d’efficacité, créent un mille-feuilles de services inutiles qui bloque toute décision mais coûte une fortune en salaires et charges. Vous aurez également à votre disposition une administration pléthorique, soucieuse de ses prérogatives, agrippée à ses acquis, qu’il est par contre inutile d’imaginer faire évoluer. Quant au service fabrication vous découvrirez avec stupeur que la volonté affichée de fabriquer sur place recouvre en fait une sous-traitance accrue vers les pays asiatiques. Ajoutez un personnel particulièrement instable qui aime à se baguenauder dans les rues pancartes à la main… Et tout cela dans un contexte de pandémie dont on ne voit pas le bout du tunnel.
Il est bien évident que tout être normalement constitué, soucieux de préserver son sommeil, sa santé et la sérénité de sa famille, jetterait rapidement l’éponge… Ce qui n’est absolument pas le cas de l’homo politicus, qui lui va faire son miel de cette situation apocalyptique en dégainant son arme ultime : le catalogue des promesses à usage électoral, dont le socle intangible repose sur une farouche volonté d’apporter bien-être et bonheur à ses contemporains. En fait, cet homme – ou cette femme – fait don de son corps à la France ! C’est beau, c’est grand, c’est noble !
Et ils sont déjà nombreux à vouloir se jeter dans l’arène :
A l’extrême gauche, plusieurs têtes de listes de différents partis, dignes héritiers du petit Léon le barbichu – qui en vacances au Mexique, a malencontreusement glissé sur un piolet laissé traîné là par le camarade Staline – nous promettent l’abolition de la propriété privée. Excellente idée qui devrait recueillir un large consensus.
Un peu moins à gauche, mais quand même, le patron de la France Insoumise ne pense lui qu’à couper des têtes et vient de nous assurer, je cite : « Le mieux placé ? Ce sera moi ! ». D’ailleurs, cet homme voit loin : aux dernières universités d’été, il a imaginé un espace « Insouminots » afin d’apprendre aux enfants de plus de quatre ans les chants révolutionnaires.
Quant au PCF, dont les idées puisent leurs ressources dans la grande tradition démocratique des pays frères, il part seul à la bataille avec courage. Après tout la Bérézina n’est-elle pas en Biélorussie ! Son programme a le mérite de la simplicité : tout prendre aux riches en « libérant la France de la finance et faire le choix de l’existence ».
Quant aux écolos, comme d’habitude, personne n’est d’accord sur rien. Notons cependant une belle avancée puisque ces derniers jours, aux universités de Poitiers, les militants disposaient de menus végétariens. Et si l’ambiance était festive, au niveau des idées ce n’était pas très clair, mais gageons que de ce brouillard naîtra une idée lumineuse.
Enfin, dans les lambeaux du parti socialiste, beaucoup d’appétits se font jour, mais la maire de Paris semble tenir la corde. En effet, lors des journées d’été du PS, elle a été accueillie par le maire de Blois en ces termes : « Les rois de France, c’est ici leur deuxième résidence… Anne, tu es ici chez toi ! » Nous retiendrons l’intervention remarquée de l’édile de notre capitale qui a galvanisé son auditoire par cette brillante analyse : « Nous sommes au pied du mur et à la croisée des chemins ».
Au centre, peu de choses à dire, chacun fait le dos rond et l’on s’efforce de ne pas se mouiller afin d’être prêt à un rapide retournement de veste en fonction des circonstances.
Concernant la droite républicaine, nous sommes en inflation de candidats. Aussi pour départager tout ce petit monde, le mieux était encore d’imaginer une usine à gaz ingérable : d’abord un sondage auprès des sympathisants, ensuite procéder à une primaire, sauf si le résultat de ce sondage prend la forme d’un plébiscite pour un candidat, à moins que le vainqueur préfère soutenir celui qui ne voulait pas de primaire. Vous suivez toujours ?
Enfin sur ce large échiquier, l’extrême droite se présente en ordre de bataille. Rien de nouveau du côté RN ex FN ; la dynastie est en place, réélue dernièrement avec 98,35 % des voix sa patronne nous assure « n’avoir pas de doutes sur ce qui est nécessaire de faire pour la France ». C’est rassurant !
Le président de Debout la France, spécialiste incontesté du changement de cap qui, après avoir navigué dans de nombreux marigots, assurera la continuité de sa petite boutique personnelle en se présentant seul.
Le président des Patriotes (si, si, ce parti existe !) essaie de se frayer un chemin en multipliant saillies et contre-vérités ; mention spéciale à sa dernière intervention appelant les Français à « résister face aux talibans covidistes ».
Je vous fais grâce de quelques autres zozos dont un chroniqueur polémiste condamné pour provocation à la haine raciale qui continue de sévir dans la petite lucarne.
Et, me direz-vous, que fait notre glorieux et bien aimé empereur président ? Occupé par les grands problèmes internationaux, il ne se laisse pas distraire par cette agitation stérile … mais attend son heure !
Amis électeurs, en vérité je vous le dis : les mois qui viennent s’annoncent passionnants !

Du Alain dans le texte, fidèle à ses diatribes habituelles, mais que je partage oh combien. Un plaisir à lire.
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