De l’humanitaire rentable.

Je ne sais vous, mais moi j’ai quelqu’inquiétude quant à l’avenir professionnel de nos descendants qui ont à faire face à un marché du travail complexe, où demande et offre ont bien du mal à se rejoindre. Certains secteurs d’activité sont victimes d’une pénurie de personnels récurrente, alors que des millions de chômeurs restent à quai. Si l’on exclut l’inévitable pourcentage de biberonnés aux aides, qui ne piaffent pas d’impatience de se jeter dans la vie active, les autres ne sont souvent pas en adéquation avec la demande, par manque de formation ou par désintérêt pour des métiers jugés – à tort ou à raison – trop pénibles ou mal rémunérés.

Il existe pourtant des niches ou des opportunités dont ont su profiter les patrons des GAFA, cités sans cesse pour leur réussite dans les journaux économiques. Mais, restons humbles et ne visons pas trop haut, d’autant qu’il s’agit là d’affreux capitalistes sans morale, ayant pour unique but d’engranger des montagnes d’argent sur le dos d’esclaves à leur solde, tout en détruisant méthodiquement la planète.

D’ailleurs, inutile de chercher si loin, nous avons en France des gisements d’emplois  méconnus qu’il conviendrait d’exploiter ; je pense plus particulièrement à la filière humanitaire, qui non seulement semble financièrement intéressante, prometteuse dans l’avenir, mais surtout permet aux acteurs de s’épanouir  par le don de soi. Quoi de plus noble en effet que servir l’Homme !

Une association française dont l’objet social est, entre-autre, d’accueillir et d’aider les migrants  à s’intégrer chez nous en est le parfait exemple. Sa devise : « Agir en faveur d’une société plus juste, d’un monde équitable, pour permettre à chaque personne de préserver sa dignité ». Noble cause au pays des Droits de l’Homme que chaque citoyen a le devoir de soutenir.

Aussi, afin que nos migrants puissent s’installer confortablement sur les trottoirs de nos villes, abrités dans de jolies petites tentes de couleurs, l’Etat, dans sa grande bonté, affecte chaque année 83 millions d’euros au fonctionnement de cette structure. Soucieux d’une bonne et saine gestion, conscient de l’exemplarité de sa fonction, son président, écrasé par les responsabilités, s’octroie un misérable salaire mensuel de 16500 euros. Afin de le loger décemment, une aide mensuelle de 533 euros lui est également accordée, et, comme il lui faut se déplacer afin de rendre visite à tout ces malheureux, il dispose d’une puissante berline allemande de 450 chevaux dont le coût est pris en charge à hauteur de 2097 euros mensuel. Cet homme désintéressé, rempli d’abnégation, qui vit cette présidence  comme un sacerdoce, a reçu la Légion d’Honneur pour son magnifique engagement associatif. Lors de cette sauterie, un long frisson d’émotion a parcouru l’assemblée présente quand le récipiendaire à conclu ses remerciements par ces mots : « Tant que les enfants auront faim et froid, je me battrai ». Personnellement, à de telles conditions, je me déclare volontaire pour être grenadier-voltigeur en première ligne !

Vous me rétorquerez – et vous aurez raison – que tout le monde n’est pas en mesure d’accéder à cette digne fonction. C’est vrai, mais rassurez-vous, cette même association bénéficiant de  sept directeurs, c’est bien le diable si avec quelques pistons bien organisés vous n’arriviez pas à placer un de vos rejetons  à ce poste, moins bien rémunéré certes – entre 94000 et 130 000 €/an – mais avec voiture de fonction, essence gratuite, etc.

Vous me rétorquerez – et vous aurez une nouvelle fois raison – que ces travailleurs sociaux ne sont pas prêts à céder leurs pantoufles. C’est vrai, mais rassurez-vous, il existe nombre d’associations  de ce type et avec un peu de persévérance et de détermination vous devriez trouver votre bonheur. Alors ne baissez pas les bras, tout est possible dans notre beau pays, et surtout, n’adoptez pas le cynisme hautain de mon valet de chambre anglais qui, aimant paraphraser Pierre Dac, me répète trop souvent : « Quand on est parti de rien pour arriver nulle part, on ne doit rien à personne ».

Alain, Lanton, 10 octobre

Un avis sur « De l’humanitaire rentable. »

  1. Excellent, c’est très révélateur de l’esprit charity business qui règne dans le monde des ONG, notamment les deux plus en vue chez nous et pour lesquelles vous n’avez aucune chance d’être pour travailler au sein de l’organisation administrative de soutien aux projets si vous n’avez pas un carnet d’adresses.
    Une autre organisation bien en vue ! C’est une litote eu égard à son objet social est épinglée régulièrement par la Cour des comptes pour sa gestion est rien ne change, sans doute parce qu’ils ne voient pas de la même manière les chiffres. Comme quoi servir est un engagement, mais se servir sport national.

    Pierre Dac ne croyait pas si bien dire.

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