
Pour avoir entendu parler d’un restaurant
D’un type spécial, et, bien sûr, ignorant
Avec confusion jusqu’à son existence,
Je voulus sans retard faire sa connaissance.
L’ambiance et les murs n’offrant, de prime abord,
Rien de particulier concernant le confort,
Je pris place en cherchant à trouver un indice
Qui permît de guider ma curiosité…
Lequel vint apparaître au travers du service :
En effet, un garçon, plein d’onctuosité,
Me proposa des plats loin de ma convenance
Et, devant mon refus, appela sa consœur.
Elle me conseilla, pleine de complaisance,
D’autres mets à mon gré dépourvus de saveur.
Dix serveurs s’approchèrent ainsi de ma table
Sans qu’aucun présentât de menu convenable
Et lorsque je voulus dicter mon humble goût,
Aucun d’eux n’entendit que c’était du ragoût.
Ma faim prenant alors un tour insupportable
Elle me fit opter pour le moins détestable
Mais quelle ne fut pas ma désillusion
En constatant plus tard que dedans mes assiettes
Se trouvaient les produits des premières palettes.
Il fallut cependant régler l’addition.
Cet étrange buffet, c’est notre République.
Pour chaque grand scrutin, le garçon politique,
Autrement mieux que nous, sait quels sont nos tracas
Et propose un programme à régler tous les cas…
Ne serait-il pas temps de laisser à son aise,
L’électeur composer un menu qui lui plaise ?
Et surtout, en suivant, de venir lui servir
Ce qu’il a simplement décidé de choisir ?
Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur.
Gérard SANSEY a écrit de nombreux ouvrages, dont quatre tomes de fables (éditeur Elytis).
L’objet en est toujours le même : peindre l’absurdité et les travers humains, pour mieux faire l’éloge de la vie.

Bien joué la métaphore du restaurent. Je ne sais pas s’il y’a beaucoup de monde qui sait qu’une palette est un morceau de bœuf qui regroupe la macreuse et le paleron ? Ceci dit c’est comme pour les programmes politiques vite oubliés dès l’élection.
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