
Abolir l’enseignement des classiques grecs et latins à l’université en refusant la lecture de ces textes qui ne seraient pas soutenables, en terme de race, de genre, de violence : telle est la proposition des défenseurs de la « cancel culture » ou du « decolonize the classics », puisque cette vision nous vient originellement des Etats-Unis.
Il est surprenant et particulièrement ridicule de constater que les mots qui décrivent ce mouvement « cancel culture » et « decolonize the classics » utilisent justement la base linguistique accusée d’être à l’origine d’une culture raciste, suprémaciste blanche, et mysognine.
« Culture », en effet, est le mot latin, « cultura ».
« Cancel » dérive lui-même du latin « cancellare », qui indique proprement l’acte du copiste qui marque avec des lignes croisées un mot ou une phrase à « supprimer » dans un texte, créant ainsi l’image d’une « grille », en latin « cancellum ».
« Classics » est le mot latin « classicus ».
Quant à « de-colonize », il ne s’agit pas seulement du fait que « colonize » est un dérivé du latin « colonia », mais le préverbe utilisé dans le composé anglais « de- » est bien un préverbe latin. En tant que préverbe, il indique en latin la notion de « loin de », de « privation. « Decolonize » est donc un composé parfaitement latin.
En conclusion, nous sommes confrontés à des propositions qui déclarent la nécessité d’effacer la culture classique, tout en étant entièrement articulées à partir de mots latins et même à partir de la morphologie de cette langue « détestée ».