L’argent ne fait pas le bonheur.

(La meilleure des économies est celle que nos parents ont fait pour nous.)

Alors même qu’un bon tiers de Français ne toucheront jamais d’héritage.
Alors même que seuls 15% des individus payeront un jour des droits de succession.
Alors même que l’impôt collecté ne représente qu’une goutte d’eau (1,2 %).
Alors même que la réglementation de cet impôt est très mal connue.
Alors même que l’héritage crée des inégalités.

Le sujet des droits de succession est explosif et constitue aux yeux des français un prélèvement particulièrement impopulaire.

Pourquoi ?

Tous les candidats à la présidentielle s’emparent du sujet, et le fossé se creuse, entre la droite qui veut réduire, ou supprimer les droits de succession, et la gauche, qui veut épargner davantage les petites transmissions, tout en taxant davantage les plus grosses.

Pourtant, le principe même de la transmission de fortune réduit mécaniquement les inégalités, par division et répartition de la fortune, à chaque succession, sur un plus grand nombre.

Exemple : un héritage de 9 M, réparti sur 3 bénéficiaires ne représente plus que 3 millions sur 3 personnes, à la première génération, puis 1 million sur 9 personnes à la deuxième et 300.000 € sur 27 personnes à la troisième, puis enfin, 100.000 € sur 81 personnes…etc. : Donc, il y a bien une dilution dans le temps, qui devrait lisser les inégalités.

Sauf que, à chaque étape de l’héritage, les capitaux hérités rapportent beaucoup de revenus et que cette facilité aggrave l’inégalité.

Ce n’est donc pas l’héritage qu’il faut remettre en question, mais la taxation des revenus du capital, qui permettent, sans effort et sans mérite, autre que celui d’avoir hérité, non seulement de vivre mieux, mais également d’augmenter encore plus sa fortune.

Ainsi en imposant trop faiblement les revenus du capital, alors même que les revenus du travail le sont lourdement, on affecte la notion de mérité, de compétence et d’efforts, liées au travail.

Le travail et ses nombreuses vertus sont dévalorisés et cela affecte le sentiment de mérite que l’on se porte.
Si la taxation de l’héritage est si mal acceptée c’est bien parce que l’on ne supporte pas d’être spolié du fruit des efforts et de la réussite de nos aïeux.

Cette « ponction » nous paraît injuste, irrespectueuse et donne le sentiment d’un prélèvement fiscal sans autre fondement que le lucre de l’état.
Cela est d’autant plus vrai que les revenus ayant permis la fortune grâce à l’épargne, ont déjà été préalablement fortement taxés : c’est donc de l’impôt sur l’impôt. Ainsi, l’état « se sucre sur notre dos ».  

Pour éviter ce sentiment d’injustice et pour conserver au travail ses valeurs utiles, la solution simple d’un taux fort de taxation des revenus du capital et en tout cas supérieur au prélèvement sur le travail, paraît évidente : cette théorie n‘est cependant pas évoqué par nos candidats à l’élection !

Le français envie le riche mais rêve de le taxer de sa richesse.
Il se gave des frasques du luxe, que la fortune lui permet, tout en espérant sa déconfiture.

2 commentaires sur « L’argent ne fait pas le bonheur. »

  1. L’héritage et sa taxation et la taxation des revenus versus la taxation du capital. Il y a une omission importante. Pour ou contre, dans le monde dans lequel nous vivons c’est le capital qui permet le travail. C’est peut être triste mais c’est une données économique de base. Donc, réduire par une taxation forte le capital engendre une chute de la masse de travail (voir le Venezuela, Cuba..)

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  2. Avec retard je prends part à cette discussion autour de l’impôt successoral (lancée le 7 /02 dernier). Tout est dit dans cet article. Nul ne peut sauf, cause de trouble mental ou circonstances exceptionnelles,envisager ne rien donner à ses descendants à condition évidemment qu’il possède un bien meuble ou immobilier. Or, avec le rabot fiscal génerationnel,bien expliqué ds l’article, un héritage Énorme au premier degré disparaît ou devient modeste dès souvent la seconde génération. Pour peu que l’aieul en or ait eu beaucoup de descendants.. On en revient à la règle commune : Première génération travailleuse et géniale accumule des biens . Seconde génération » normale « ,(de diligence moyenne dit le code) travaille et jouit . Troisième génération dont un menbre ou plusieurs deviennent quelque peu marginaux par goût ou maladie mentale expliquent la disparition des fortunes.

    A l’échelle d’un pays ne restent que les quelques grandes familles que tout un chacun connaît et qui peuvent supporter les trous ou erreurs de générations. Ce système de lissage des héritages est finalement très juste.

    On le doit au début du siècle dernier à un personnage haut en couleurs du nom de Joseph Caillaux . Plusieurs fois Ministre des finances il est considéré comme le créateur de l’impôt moderne (Irpp et successoral). Joseph d’extraction bourgeoise n’eut pas de descendance bien qu’ hétérosexuel et amateur de femmes . Sa propension au libéralisme et ses idées radicales le classent à gauche . Il fut pendant la 1ere guerre mondiale accusé de trahison avec l’ennemi (car pacifiste) et incarcéré à la maison arrêt de La Santé.

    Bref , toute cette glose pour exprimer que nos courtes vies ne peuvent suffire à placer nos descendants directs à l’abri. Et c’est assez juste quand on y reflechit. Réussir sa vie est difficile et laisser des biens à ses descendants suffit à notre bonheur. Ainsi vont le tourment des hommes ( des deux sexes évidemment).

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