
Il y a fort longtemps, au hasard de mes lectures, j’ai croisé l’histoire de trois jeunes étudiants américains, de même niveau social, ayant obtenu leurs diplômes universitaires, avec la même classification.
Ils avaient alors migré dans trois régions différentes, pour conduire leurs vies personnelles et professionnelles.
Ils se retrouvent dix ans plus tard et comparent leurs situations, qui sont très différentes.
L’un vit dans le bonheur affectif mais dans la précarité matérielle, l’autre a réussi économiquement mais traverse une phase de souffrance psychologique, le troisième enfin est parfaitement épanoui tant dans ses activités que dans sa vie privé.
Ainsi, bien qu’a priori, ils avaient, au même âge, les mêmes atouts, leurs vies sont très différentes.
Ils vont chercher à comprendre pourquoi. Il en suit, sur une centaine de pages, un partage d’analyse libre et sans pudeur.
Si le hasard des circonstances et des rencontres a influencé leur parcours, il apparaît que la part des incidences liées à leurs choix est très déterminante : c’est donc bien la conduite de leur raisonnement qui a principalement déterminée leur avenir. Leur façon respective de réfléchir, de raisonner, pour résoudre les problèmes auxquels ils ont été confrontés a influencé significativement leur parcours.
Ce sujet m’a mis en évidence l’importance que la qualité du raisonnement pouvait avoir sur l’orientation de notre vie. Je n’ai, dès lors, eu cesse d’y accorder une attention soutenue.
Le fil du temps m’a conforté dans le principe que notre qualité de raisonnement influençait directement la qualité de notre vie par les décisions quotidiennes que nous prenions.
Pour éviter que ce constat risque d’être factice, car établi sur un concept de principe acquit, je l’ai confronté à tous les contraires que mon imagination pouvait trouver, afin d’en consolider la certitude. Ce travail m’a donné, non pas l’assurance d’une pensée juste, mais la certitude de savoir pourquoi je pouvais la retenir. Je pouvais dès lors, mieux construite sur cette fondation plus solide.
Notre cerveau, cet outil incroyablement compliqué et assurément encore mal connu, est certes un outil magique. Ce n’est pas pour autant qu’il faille le laisser à l’abandon, en lui laissant toutes initiatives. Ce n’est, que par un entretien attentif et régulier, qu’on pourra exiger de lui, un rendement cohérent et efficace. Dans ces conditions, il pourra exprimer son immense force d’influence à gérer nos souffrances, à valoriser nos qualités naturelles et à accepter ce qui ne peut pas être transformé.
Face à une difficulté inattendue, nous avons tendance à chercher pour nous même l’origine dans un fait extérieur, et pour les autres dans le résultat d’une de leurs faiblesses.
C’est simplement parce que notre cerveau préfère la récompense à l’accablement.
Pour cela, il détourne notre attention en masquant notre objectivité, il nous laisse croire ce que nous voulons croire et non pas ce que l’évidence devrait nous conduire à croire.
Au-delà des apparences, la vérité nécessite plus d’efforts dans la quête de la compréhension.
Ce mauvais diagnostic proposé nous interdit la bonne solution et cette facilité confortable sur l’instant, s’avère néfaste pour l’avenir.
L’expression non maîtrisée et sans contre-mesures de nos travers naturels n’est souvent qu’un mauvais moyen de compenser nos défaillances.
Ainsi, la colère, la jalousie, la méchanceté, sont, le plus souvent, des réponses à notre incapacité à accepter la vérité. Nous faisons et refaisons la même chose, en espérant chaque fois, un résultat différent.
L’estime que l’on se porte semble alors intacte, mais la confiance en nous est à l’évidence affaiblie. Ce décalage entre trop d’estime et pas assez de confiance est souvent évident, aux yeux des autres, qui nous renvoie une image peu satisfaisante.
Il existe un moyen simple d’éviter ces travers. En s’obligeant à répondre à deux questions intégrées à sa boîte à outils.
La première affecte notre certitude : « Et, si je me trompais ? ». Elle oblige à soupeser la valeur contraire à notre pensée.
La seconde concerne nos actes manqués : « Suis-je sûr, que personne, à ma place, dans les mêmes circonstances, n’aurait fait mieux ? »
Chacune d’elle ouvre la voie du doute, qui dans un cas confortera notre opinion ou, dans l’autre, réformera notre intuition.
La peur de se tromper est ainsi réduite et n’a plus besoin d’être compensée par l’agressivité.
Cette certitude confortée nous place sur le chemin de la sérénité, seul capable de conduire nos bonnes décisions.