9. Le sophisme de la dépense gâchée

Connaissez-vous ce curieux disfonctionnement de l’esprit mis en exergue, en 1985, par Areks et Blumer, deux chercheurs en psychologie sociale ?

« Vous souhaitez passer deux week-ends au ski.  Vous avez réservé sur catalogue, un W.E dans les Pyrénées pour 300 € et un dans les Alpes pour 500 €.
Malgré son coût moins élevé, vous préférez à priori, le WE dans les Pyrénées.
A réception des confirmations de votre commande, vous découvrez votre l’erreur d’avoir réserver pour la même date ! Et aucune de ces réservations n’est remboursable.
Il vous faut donc choisir le WE que vous conserverez. Vous choisissez d’aller dans les Alpes.

Vous venez de pratiquez le « sophisme de la dépense gâchée ».
Provoqué par le faux sentiment de perdre le moins possible, vous avez de conserver le W.E le plus cher payé, au détriment de votre préférence.
Dans la réalité logique, quel que soit votre choix, vous ne perdez pas plus dans l’un ou l’autre cas, vous aurez, de toute façon, dépensé 800 € (300 € + 500 €) pour un seul W.E. Autant, dans ce cas, profiter de celui qui vous préférez.

Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul, dans la pratique de ce réflexe. Sept personnes sur dix y souscriraient.

Si cet exemple n’a pas de lourdes conséquences, il n’est est pas de même quand il s’agit d’analyser, la guerre du Vietnam, par exemple, présentée comme un cas d’école.
Plus les Etats-Unis utilisaient de moyens militaires, plus ils comptaient de morts ou de blessés et plus ils se sentaient obligés d’envoyer davantage de troupes pour forcer la victoire, comme s’ils étaient prisonniers de leurs décisions antérieures.

Quelle que soit la configuration, conflit militaire ou relation interpersonnelle, la durée de l’engagement accroît la probabilité d’entrer dans une spirale infernale dont il est compliqué de s’extraire.
Les économistes ont introduit la notion de « coûts irrécupérables » pour rendre compte de comportements bizarres qui résultent des attitudes d’engagement. Celles-ci sont perçues comme un investissement, selon eux, et le moindre changement de direction peut être associé à une vaine dépense.

Pour échapper au piège diabolique de l’engagement, il existe une solution. Il faut accepter de « prendre sa perte » comme disent les as de la finance, d’admettre que l’on a investi pour rien, plus prosaïquement que l’on a fait un mauvais choix. En d’autres termes, une blessure narcissique, que par-dessus le marché l’on s’inflige soi-même, est l’unique remède pour se sortir de cette nasse – pas si simple en ces temps de tout-à-l’égo.

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