Ma femme et moi avons un même iPhone 6s acheté reconfiguré à 120 € et 130 €, alors que nous aurions pu nous contenter d’un vieux Samsung à 15 €, c’est un grand confort. Nous avons chacun un abonnement Prixtel de 40 Go à 4,99 €/mois, sans engagement avec SMS/MNS illimités !
Nous avons une Opel Corsa de 160.000 Kms, qui marche bien, aussi nous n’hésitons pas à l’utiliser pour aller faire nos courses au supermarché à seulement 15 kms, alors que mon vieux vélo, et son cageot fixé sur le porte bagage arrière, y suffirait.
Nous avons toutes les chaînes télé de la TNT gratuitement et il nous apparait que ce large choix suffit à notre information et à notre divertissement.
Nous avons internet avec une box Free et un abonnement mini 4, à 15,99 € par mois, c’est génial de pouvoir s’offrir cela, et accéder ainsi à la plus grande bibliothèque du monde.
Nous sommes inscrits à la bibliothèque de notre ville et nous avons droit de choisir trois livres par mois. Nous en profitons, c’est gratuit et très agréable.
Nous sommes tous les deux retraités et nous avons beaucoup de temps disponible.
Seule ma maladie m’oblige à des rendez-vous médicaux réguliers, qui amputent raisonnablement mon planning. J’ai à faire à des professionnels compétents qui me soignent attentivement. Quel bonheur que ce luxe de confort pris en charge, en totalité, par la communauté et notre mutuelle.
Ma pension, qui crédite mon compte en banque très régulièrement le 4 de chaque mois, est de 1440 €, celle de ma femme est de 630 €, à cause des périodes d’inactivité, consacrées à élever nos trois enfants. Cela nous fait 2070 € chaque mois. Nous ne faisons pas vraiment d’économie, mais ce revenu suffit à nous faire vivre confortablement, en portant une attention raisonnable à nos dépenses courantes.
Quand nous avons payé 550 € de location de notre T2 confortable et les 160 € de charges (eau-électricité-taxe d’habitation- copro- assurance), les 620 € de nourriture mensuelle, le carburant et l’assurance de la Corsa pour 180 €, nos abonnements internet, mobile et bus pour 60 €, notre mutuelle à 115 €. Il nous reste 385 €, par mois, pour nos loisirs, quelques vêtements, quelques produits d’entretien ou sanitaires et des petits cadeaux pour nos petits-enfants. De temps en temps, on s’offre même un resto, chez Michel, avec un menu sympa à 23 €.
Nous pourrions économiser un peu sur la nourriture, mais je suis gourmant, alors parfois je me laisse aller. Comme je suis, trois matinées par semaine, bénévole au « resto du cœur », je peux récupérer quelques colis de nourriture.
Nous profitons de plein de choses gratuites. Notre inscription au club de bridge, les cours collectifs de gymnastique, les soirées d’animation…. Offerts par les services sociaux de la Mairie.
Pour fleurir la tombe de nos parents, nous cueillons des fleurs naturelles car c’étaient leurs préférées.
Bien que nos revenus soient proches du seuil de pauvreté, évalué en France à 1700 € de revenus mensuels pour deux personnes, nous avons le sentiment de vivre confortablement. Notre seul regret est de na pas avoir fait l’effort d’acheter notre résidence, lorsque nous étions tous les deux en activité et que cela était possible.
Nos jeunes voisins, Annie et Michel, institutrice pour elle et agent EDF pour lui, nous encouragent à manifester, à chaque occasion, de revendiquer plus d’aides financières. Nous n’y souscrivons pas, car cela nous parait indécent à observer ce qu’est, selon nous, réellement la misère. Il suffit de regarder la télé.
Nous sommes d’ailleurs un peu étonnés de leur agressivité revendicative car ils ne nous semblent pas qu’ils soient dans le besoin. Ils nous disent gagner, ensemble, plus de 3300 € par mois et ils n’ont qu’un enfant. C’est vrai qu’ils possèdent une belle voiture neuve, et que visiblement ils aiment beaucoup les téléphones derniers cris et les nombreux abonnements privés. Cela ne les empêche pas de fustiger la société de consommation. Ils ne semblent également pas savoir exactement ce qu’ils dépensent, mais ils constatent qu’ils finissent mal leurs fins de mois, et cela suffit à beaucoup occuper leur esprit et c’est dommage.
Tiens, j’aperçois Michel, un bagage à la main, qui ouvre le haillon de sa Volvo.
Tu pars en voyage ?
Oui, on s’en va une semaine avec Annie à Hammamet, c’est le cadeau de mon CE.
C’est sympa, non, il fait beau là-bas ?
Oui, mais t’inquiètes ça leur coûte moins cher que de nous refiler un quatorzième mois.
Allez, je te laisse, il ne faudrait pas louper l’avion, manquerai plus que ça.
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