
Chacun défend son camp avec acharnement.
Les démocraties prétendent que leur modèle de société est le meilleur qui soit.
Les régimes autoritaires (démocratures, dictatures) considèrent leurs valeurs bien supérieures.
Force est de constater que, dans le monde, la répartition s’équilibre entre ces deux régimes et qu’elle semble, ces dernières années, progresser à l’avantage des régimes autoritaires.
Dès lors, l’honnêteté intellectuelle consiste à faire fi de sa seule perception, pour s’interroger sur la sélection des critères qui nous permettent de valider notre seul sentiment, pour apprécier objectivement la qualité de chacun des systèmes.
Pour ce faire, il convient tout d’abord de définir les valeurs communes, qu’il convient de retenir.
En fait, cela est plus simple qu’il n’y paraît, car, en définitive, nous recherchons tous l’accès au bonheur, en évitant au maximum la souffrance. C’est donc à travers cette considération générale que l’on peut objectivement comparer les deux systèmes politiques.
Nous pouvons communément reconnaitre que ce sentiment de bonheur passe par la liberté, par le confort matériel de notre vie quotidienne et la meilleure égalité de traitement de chacun d’entre nous.
Qu’observons-nous, dans ces domaines ?
En ce qui concerne la liberté.
Qu’il s’agisse de la liberté d’expression, de la liberté d’action ou de la liberté de penser, il semble évident que les systèmes démocratiques permettent un accès plus évident à un espace de liberté. Avec pour seules contraintes le respect des autres, de la loi et du bien commun, la démocratie nous offre la possibilité d’être nous-mêmes.
La dictature interdit cette possibilité en imposant les règles rigides et incontournables d’un moule prédéfini.
Ainsi, il est tout aussi impossible de faire vivre une démocratie sans autoriser la liberté d’expression qui en est le fondement, comme, il est impossible de maintenir une dictature sans réprimer la dissidence qui la fragilise.
En ce qui concerne le niveau de vie.
On ne choisit pas où l’on nait, et il est bien compris que la chance de naître dans un pays riche offre une meilleure opportunité de bien vivre, sous réserve d’une honnête répartition des richesses.
Il est un indicateur représentatif qui consiste à comparer le PIB (Produit Intérieur Brut) global d’un pays au produit distribué à ces habitants. Cela permet de vérifier quelle est la part du produit des richesses globales d’un pays avec la part qui reviendra, en définitive, à la population pour constituer sa qualité de vie économique et donc son confort.
Si dans l’occident démocratique ce rapport est en moyenne de 2 à 1 (50 % du PIB est redistribué à 90% de la population), il passe de 5 à 1 (20% du PIB est redistribué à 90% de la population) dans les régimes sous dictature.
Cette différence vient de la répartition du produit de la nation, décidée par les gouvernants, entre ce qui est affecté à l’Etat et à ses dirigeants, et, ce qui est redistribué au peuple.
C’est pour cela que le niveau de vie moyen des populations vivant sous dictature est 4 fois inférieur à celui des populations vivant en régime libéral, car les dirigeants n’ont aucun intérêt à écouter les revendications, en faisant en sorte qu’elles restent « silencieuses ». C’est donc une extrême minorité qui décide et qui naturellement capte les produits financiers à son seul avantage.
En ce qui concerne les inégalités.
Les deux systèmes (démocratie ou dictature) imposent de fortes inégalités pour des raisons différentes.
Les démocraties offrent la liberté d’entreprendre qui génère souvent une inégalité entre les revenus du capital productif et les revenus du travail. En démocratie on constate que les 10 % des détenteurs du capital profitent de plus de 30 % des revenus de la nation. Cela constitue une vraie inégalité, source de revendications régulières.
Sous dictature la possibilité d’entreprendre est sujette à l’autorité des dirigeants politiques. Il en découle que le rendement n’est plus réparti au mérite, mais à l’allégeance. Jamais mieux servi que par soi-même, « l’intelligentcia » (gouvernants, oligarchie, mafia…) des 10 % profitent de 60 % des revenus. L’inégalité est donc bien plus prononcée.
Certains pays, comme le Vénézuela, le Brésil, la Chine ou la Russie, sont des carricatures de cette inégalité.
Qu’il s’agisse de liberté, de niveau de vie ou d’inégalité, force est de constater que l’accès au bonheur est plus facile, pour le plus grand nombre, en démocratie qu’en dictature.
On doit alors se poser la question de la tendance mondiale croissante en direction des régimes plus autoritaires.
Le bonheur est une chose souvent bien différente du sentiment de bonheur. Le premier tient de la raison alors que le sentiment est soutenu par la croyance.
Ainsi pourrait-on imaginer, qu’il serait mieux de se croire heureux sans l’être, que de l’être sans le savoir ?
C’est bien pour cela que les régimes autoritaires canalisent l’information pour éviter une comparaison facile, qui transformerait votre foi en raison.
La simple contestation ou revendication devient dissidence. Elle est alors sévèrement punie.
Les dissidents sous dictatures sont plus actifs que les contestataires en démocratie, car leur moteur est activé par la découverte de cette violente supercherie.
La dictature résiste, tant que le projecteur des dictateurs aveugle ses sujets, en ne leur laissant voir que la seule route de la naïveté : comme le lapin sur la route sous les phares, ils n’ont que la voie imposée ou le fossé rempli de ronces.
Cet aveuglement est nourri de valeurs imaginaires, telles que le nationalisme extrême et l’admiration du despote, présenté comme le sauveur, face à un ennemi de circonstance, contre lequel, seule l’unité permettrait la survie.
Ce système impose la banalisation de la violence, comme arme de répression courante, pour canaliser la dissidence et la désinformation afin d’ éviter l’épanchement des idées.
Les frontières se transforment alors, en barrières infranchissables, car de l’autre côté se trouvent les barbares de la démocratie, ceux qui veulent polluer le peuple, à coup de liberté.
Pour supporter cet enfermement, les dirigeants et leur intelligentsia complice, pourront toujours agrémenter leur plaisir, dans un excès de consommation en occident, faisant ainsi croire à la richesse facile que leur système permet.
Mais voilà, dans notre monde moderne, les outils de communication violent la supercherie et la vérité devient indomptable.
Le peuple qui est la force des démocraties, devient la faiblesse des dictatures.
Le système explose alors dans la violence, et c’est ainsi que, le plus souvent, il est remplacé par une autre forme de dictature, car dans ce chaos, de nouveaux populistes et leurs chimères prennent le pas, tout en se chargeant de ramener l’ordre avec autorité.
Tout cela continu, s’accélère même, alors que nous le savons depuis l’antiquité !