De la Saint-Valentin

Par Alain.

Je ne sais pas vous, mais moi je suis perplexe face à ce choix cornélien : fêter ou non la Saint-Valentin ? Dois-je céder à la pression sociale et au diktat du cadeau, ou superbement ignorer ce moment de surconsommation ?

Et puis d’abord, pourquoi sacrifier à Saint-Valentin en lieu et place de Saint-Gudule ou Saint-Idesbald des Dunes ? D’autant que cette affaire n’est pas très claire puisque trois personnages seraient concernés par cette même date : Valentin de Rome, prêtre qui a souffert le martyr dans la seconde moitié du IIIème siècle, Valentin de Terni, moine martyrisé et décapité à la même époque et Valentin de Rhétie, prédicateur du Vème siècle. Tout cela ne nous rajeunit pas, n’est pas très rigolo et ne nous renseigne pas sur l’origine de cette pratique.

Historiquement c’est Gélase 1er, dernier évêque de Rome d’origine berbère, qui a décrété le 14 février comme jour de la Saint-Valentin, puis en 1496 le pape Alexandre VI lui a donné le titre de « saint patron des amoureux »… pour quelle raison ? Mystère ! D’autant que l’Eglise condamnait fermement le « valentinage », charmante coutume médiévale qui permettait, une fois par an, aux épouses de forniquer hors mariage.

Mais je m’égare et mes interrogations restent en suspend. Dois-je ou ne dois-je pas ? Il est vrai que ce serait charmant de ma part d’honorer par un présent Moumoune qui me supporte depuis tant d’années (Moumoune c’est mon épouse, je vous en ai déjà parlé).

Alors, un restaurant en amoureux ? Mauvaise pioche, c’est ringard, moutonnier et le « menu spécial » ne l’est que par son prix. Une belle boîte de chocolat ? Surtout pas, c’est un désastre écologique et humain : déforestation, travail des enfants, adultes sous-payés. Un petit week-end dans une capitale européenne ? Impossible si l’on songe au bilan carbone. Une jolie robe pour ce prochain été ? A proscrire absolument suite aux déclarations d’un responsable d’ONG indienne : « vos robes en coton sont tissées avec le sang de nos enfants ». Un bel accessoire en cuir ? Non, si je songe au bien-être animal. Et pourquoi pas une belle brassées de roses ? Po, po, po, alors là nous frisons la cata : ces fleurs magnifiques, cultivées on ne sait où, et bien qu’offertes avec amour, contiennent  49 molécules différentes dont des pesticides, acaricides, fongicides, etc. dont les suaves effluves artificiels risquent de nuire au délicat visage poupin de l’être tant aimé et lui provoquer une ravageuse éruption cutanée.

Afin de ne pas perdre la face et assumer mon éco-responsabilité, je viens de trouver l’idée qui emportera tous les suffrages : un superbe bilboquet en bois issu des forêts du Jura, fabriqué par un maître-artisan français dans les règles de l’art. J’imagine déjà le visage rayonnant et rempli de reconnaissance de Moumoune à la réception d’un tel présent ; c’est une belle journée qui s’annonce !

Ps : Si vous cédez à la tentation d’un repas en tête à tête avec votre nouvelle copine, ne manquez pas de l’impressionner en lui narrant l’histoire de ce saint. Surtout n’omettez pas de préciser que Valentin de Rhétie était un moine gyrovague (religieux vagabond). Ainsi vous êtes sûr de passer à ses yeux pour un intellectuel de haut vol. Alors, merci qui ?

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