
Par Alain.
Je ne sais pas vous, mais moi j’aime bien le peuple japonais. Dernièrement, lors d’un échange philosophique avec ma chère tante Apolline au cours duquel j’évoquais ce penchant coupable, elle me fit part de son étonnement : « Mon petit, comment peux-tu t’intéresser à ces gens incapables d’agrémenter leur riz blanc collant avec une bonne blanquette de veau ? Et puis ces niakoués se ressemblent tous, on dirait des clones reproduits à l’infini ».
Je veux bien admettre que ce spécimen de la race humaine n’est pas au firmament de la séduction, mais sa souplesse naturelle lui confère des atouts exceptionnels dans la pratique des arts martiaux, ou lors des accolements fornicatoires, ce qui n’est déjà pas si mal. Concernant spécifiquement la femme nippone, un auteur* du XIXème siècle la décrivait ainsi dans un remarquable ouvrage sociologique : « Si la Japonaise est la négation la plus absolue de la femme, elle est aussi la négation la plus absolue de la beauté grecque ».
Néanmoins, je persiste à penser que dans le tréfonds de leur âme, les Japonais ont d’indéniables qualités. Bien polis – à la limite d’ailleurs de l’obséquiosité chafouine – et propres sur eux, travailleurs acharnés et ponctuels, ils se dépensent sans compter pour le bien de leur entreprise, picolent sans modération dès la sortie du bureau, avant de rentrer retrouver leur épouse dans des maisons écologiques, faites de trois bouts de bambou et quelques feuilles de papier. Mais, leur atout premier, c’est d’être i-ma-gi-na-tifs. J’en veux pour preuve la solution miracle qu’ils viennent de proposer afin de régler définitivement le casse-tête des retraites.
En effet, la France n’est pas la seule à devoir gérer cet épineux problème, et il est fort désolant de constater qu’au pays des Droits de l’Homme, du coup de rouge et du camembert, aucune de nos élites n’est capable d’imaginer une solution originale. Ce qui n’est pas le cas de Yusuke Narita**, éminent professeur d’université, qui propose rien de moins que l’obligation de l’euthanasie des vieux afin de réduire drastiquement les dépenses de santé ainsi que le coût des retraites. A la limite, passé un certain âge, il accepterait même un suicide collectif. Le bougre n’est pas le seul à évoquer ce fardeau des décrépis ; en 2013 déjà, le ministre des finances de l’époque appelait les personnes âgées « à se dépêcher de mourir » afin de soulager les caisses de l’état.
Fichtre ! Que voilà une idée qu’elle est bonne et à laquelle je souscris pleinement. Nous n’aurons plus à assister au spectacle affligeant de vieillards cacochymes, se traînant oisivement tout au long des trottoirs de nos villes en polluant sans vergogne l’harmonie des lieux. L’hôpital désencombré retrouvera sa joie de vivre et le cycle infernal du déficit de la Sécu sera enfin rompu. Bref, le bonheur !
Cela dit, avant de prendre rang, j’émettrais une très légère réserve : que ces décideurs – à l’instar du poète*** – me montrent d’abord l’exemple :
Ô vous, les boutefeux, ô vous les bons apôtres,
Mourez donc les premiers, nous vous cédons le pas.
Mais, de grâce morbleu ! Laissez vivre les autres !
La vie est à peu près leur seul luxe ici-bas.
*Louis Martin « L’Anglais est-il un juif ? » – Editions Savine, Paris, 1895.
** Pardonnez-moi, mais à l’évocation d’un patronyme japonais, je ne résiste jamais au plaisir enfantin d’une blague de style Carambar : Comment dit-on « rhume » en Japonais ? Nékicoul !.. J’en riz encore !
***Georges Brassens « Mourir pour des idées ».