Iniquité démocratique

Les démocrates ont soif d’équité.

Dans un désaccord ou un conflit, l’équité exige que les protagonistes respectent les mêmes règles, officiellement et librement reconnus de tous, pour conduire leurs actions.

Ce n’est malheureusement pas toujours le cas.
Regardez ce qui se passe entre un pays qui respecte les règles internationales et son ennemi qui fait fi de toutes les conventions, y compris celles auxquelles il a librement adhérées.
Non seulement, le gouvernement russe, se dédouane de toutes contraintes d’honneur et de toutes conventions, mais il obtient avec cette démarche l’approbation de la majorité de son peuple.

Il va même, au déni des règles internationales de souveraineté, jusqu’à retourner grossièrement la situation par une propagande où il passe d’agresseur officiel à agressé potentiel.

Cela vous apparait certainement comme une honteuse évidence et pourtant nous, en bons français prétendus démocrates, nous pratiquons parfois de la même manière.

Observer le conflit actuel sur la réforme des retraites.
Le vote de la loi, que l’on peut certes considérer comme un « passage au forceps », n’en reste pas moins parfaitement respectueux du droit constitutionnel en l’état, donc de la règle qu’aucun citoyen ne peut dénier pour l’avoir acceptée par sa citoyenneté.

Dans la fébrilité de la salle d’opération, le chirurgien a choisi ce qui lui apparaissait comme la seule solution ou du moins n’a-t-il pas pris le risque de la mort de l’enfant ou de la mère. Peut-être a-t-il eu tord mais cela n’enlève rien au constat que cet outil fait bien partie de la panoplie légale.

D’ailleurs, certains économistes, et non des moindres, prétendent que la France n’avait pas d’autre choix. En prenant le risque de montrer son incapacité à réformer, elle aurait, selon eux, enclenché une perte de confiance, avec la conséquence d’une envolée des taux d’emprunt, parfaitement insupportable à l’économie du pays.

Ce vote a fait l’objet de soixante-quatorze heures de discussions à l’Assemblée, de cent deux heures au Sénat, de dizaines de milliers d’amendements qui ont enrichi le projet, bien que leur importance n’eût, à l’évidence, pour seul but que d’interdire l’examen exhaustif.

Comment ne pas admettre, sans mauvaise foi, que le texte final fut sensiblement différent du projet initial ? Comment prétendre que les mille six cents heures cumulées d’informations télévisées et de débats sur le sujet, puissent laisser dans l’ombre les aspects de la réforme ?

A l’opposé d’une réforme en catimini, ce fut, bien au contraire, trop souvent, dans la fureur et dans la rage populaire, que les contradictions furent exposées. 

Par contre maintenant, du côté des opposants, force est de constater que les moyens utilisés pour défendre leurs causes, dérapent dans l’irrespect du droit.


En s’autorisant à des blocages au libre accès au lieu de travail ou de production, en empêchant la libre circulation des biens et des personnes, en dégradant des biens publics ou privés, les manifestants violent les règles de droit clairement établit en commettant des délits aussi clairement identifiés, que préjudiciables au bien commun.

Est-il légitime de commencer par l’intimidation dans l’enceinte de l’Assemblée, de certains députés qui s’autorisent à dévoyer l’usage de l’hymne national, en transformant cette arme de cohésion nationale en vulgaires vociférations d’une désunion opportuniste.
Ils prennent en otage la Première ministre pour l’empêcher de s’exprimer, pour finir aujourd’hui, par allumer des bûchers, dresser des guillotines imaginaires, menacer de morts des élus, incendier des permanences.

Le désamour bien connu des Français devient alors l’objet d’une honte nationale promulguée par des leaders qui n’hésitent plus à se démasquer pour cracher à la face du peuple leur haine et leurs mépris.
Comme des chiens de meutes, assoiffés de violence, qui jouiraient de conduire le troupeau des brebis bêlantes dégringolant le ravin, Ils se délectent de leur simple pouvoir de nuisance. Ils se targuent d’être bâtisseur des libertés pour n’être, en fin de compte que fossoyeur d’unité.  

Cela ne les empêchent pas de vociférer en accusant leurs adversaires de pratiques illégales, douteuses ou anti-démocratiques.

Cette attitude délibérée est d’autant plus préjudiciable qu’elle banalise la violence et nourrit la médiocrité.
En effet une action flamboyante, un slogan ravageur sera toujours plus performant, par l’évidence de sa facilité d’expression et de compréhension, face à un langage de raison plus compliqué à faire valoir.
Il est plus facile et tellement plus ludique, de brûler des palettes ou de casser des vitrines que de défendre ses intérêts, par la recherche légale du consensus.

Peu importe que cela ne respecte ni le droit, ni la raison, pour enrichir quelques populistes qui confortent ainsi leur idéologie et valorisant leur fonds de commerce.  

La formule qui fait que la force et la violence font le droit devrait être réservée aux dictatures. Quand ce n’est plus le cas, il ne faut pas s’étonner que les démocraties s’étiolent à grands cris, de ceux qui s’autorisent à violer les règles, tout en accusant l’adversaire de ces dérives.

Ainsi, quand ils auront perdu tous leurs privilèges de liberté, ils pourront continuer à accuser les autres de les avoir conduit en enfer. Il sera alors trop tard car la simple prise de parole leur sera interdite ou destinée seulement aux gardiens de leur geôle, qui cette fois leur fera payer bien cher.

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