Histoire de logiciel

J’ai enfin décidé d’écrire cet article.
je le voudrai clair et bien présenté. Je m’y lance sous Excel. C’est, dans la souffrance, que je m’aperçois que cela ne marche pas. Toutes ces lignes, ces colonnes qui ne ressemblent à rien, ces formules de calculs proposées qui ne me servent à rien. Je patauge et je panique. Je ne vais pas y arriver.

Vous, qui connaissez bien Word, souriez en coin. Vous savez bien que je suis enfermé dans mon ignorance : je n’utilise, tous simplement pas, pas le bon logiciel !

En toute chose malheur est bon.
C’est ainsi, que cet échec me permet de mieux comprendre deux phénomènes d’actualité.

Le premier est national .
En lisant « Les ingénieurs du chaos » ou Giuliano da Empoli nous donne les rouages implacables du fiasco de la réforme des retraites. La colère a gagné, le sentiment du malheur et du pessimisme est porté en triomphe, tous les arguments de « l’élite », les faits et chiffres, les bonnes volontés de débat et de compromis, la démocratie représentative elle-même ont été balayé comme faux, car ceux de l’élite. La haine construite de la personne d’Emmanuel Macron a servi de « cause finale ». Le tout avec la complicité active, quotidienne, systématique, de la majorité des journalistes. Les populistes ont gagné grâce à la mise en place d’une parfaite machine de communication, celle de « l’union de la rage et de l’algorithme ». Cette machine a pour vocation de « rassembler les peurs » des citoyens.  Qu’elles soient sociales, sanitaires, éducatives, sécuritaires ou religieuses, toutes ces peurs sont bonnes à fédérer, pour « faire converger les luttes ». Les réseaux sociaux sont l’outil parfait pour repérer les peureux et les regrouper en tribus par thèmes.
Ensuite, il suffit d’enflammer les passions et de jouer du rôle « festif » de ce carnaval. Chanter ensemble, être avec des camarades, marcher au milieu de la rue pour trancher avec une vie isolée et souvent morne, autour d’un BC merguez-frites. Parfois même, casser au passage, quelques vitrines, brûler quelques voitures de citoyens assurément nantis.
En utilisant un logiciel plus proche du théâtre que de la salle de classe, plus avide de corps et d’images que de textes et d’idées, les adeptes du populisme démontrent que la véracité des faits ne compte pas. Ce qui est vrai, c’est le message dans son ensemble car il correspond à leur expérience et à leur sensation.
Les populistes ont gagné. Ils ont réussi à emmener la France hors de l’univers rationnel. Le concert de casserole sert à couvrir le risque périlleux d’écouter les propos, les arguments, qui pourraient faire vaciller les certitudes de pacotille. La rage est glorifiée et chaque camp traite l’autre de fou.

La vérité n’est pas démocratique : elle ne vote pas, elle n’a que faire de quelque majorité que ce soit et quoi de plus désagréable que cette vérité qui n’obéit à personne d’où l’alternative qui consiste à choisir, non pas ce qu’on sait être vrai mais ce qu’on a choisi de tenir pour tel. Remplacer le réel par le souhaitable, le vrai par l’illusion et la lucidité par la séduction est le plus sûr moyen de briser nos rêves.

Crise démocratique, peut-être, mais crise d’égoïsme assurément. Les Français ont acquis le mythe que le progrès social est constant et linéaire, indéfini et inépuisable. Le smic à 2000 €, la retraite à 60 ans, la semaine de 32 heures sonnent agréablement, même si cela ignorent le monde réel.
La société du temps libre de Martine Aubry est incompatible avec la retraite à 64 ans. Cette crise n’est-elle pas celle des enfants gâtés que l’Etat a protégé au mépris des intérêts de nos enfants ?
Faudra-t-il fracasser notre démocratie sur le mur de la colère pour comprendre que le logiciel n’était pas le bon.

Le second est international.
Il est des raisons plus évidentes pour comprendre le peuple Russe.
Cette majorité de la population qui vit si pauvrement dans un pays si riche en ressources, en idolâtrant leurs voleurs.
Ces mères, ces frères, ces sœurs, qui encouragent leurs jeunes à s’engager pour mourir au front en faisant une guerre admise comme inutile, sous la seule réserve, qu’ils soient correctement équipés, ou que leur crédit soit soldé.
Car ceux-là ont l’excuse de ne connaître qu’un logiciel, celui de la violence et du fanatisme patriotique que des décennies de propagande leurs imposent comme une évidence.
Comment seraient ils capables de raisonner par eux-mêmes dans une logique et une intelligence que leur histoire à savamment sapée ?
Comment, dans le doute, pourraient ils se révolter, broyés par une machine diabolique où la répression prime sur le droit ?
Le viol est si fort qu’un jour prochain, ils briseront leurs chaînes dans la violence d’une révolution.
La décadence et le chaos remplaceront alors la dictature actuelle et seule l’histoire pourra dire s’ils ne la remplaceront pas par une autre. Cela dépendra du logiciel à leur disposition.

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