Apologie du doute

(Ou combattre le déni)

Le déni a certainement toujours existé.

Le déni se caractérise par un mensonge que l’on se fait à soi-même pour s’opposer à une réalité que l’on ne peut pas – ou ne veut – pas accepter.

Face à une réalité trop brutale ou dérangeante, notre cerveau nous propose naturellement cette solution pour ne pas nous laisser submerger par des bouleversements trop rapides ou trop grands.

Nous préférons, la facilité de l’apparence suggérée à l’effort de la quête de la vérité.


Aller au-delà des apparences, nécessite plus d’efforts et plus de détermination dans la compréhension. Nous croyons souvent ce que nous voulons croire et non pas ce que l’évidence factuelle nous conduirait à croire.

L’ignorance fait notre tranquillité, le mensonge notre félicité.

En renonçant à l’effort indispensable pour valider notre raisonnement sur des fondations solides, basées sur la recherche de la connaissance et de la vérité, en acceptant l’illusion mercantile d’un format simplifié prêt à l’emploi, nous fonçons inconsciemment vers la première des dictatures : celle de nos cerveaux.

De plus, cette adhésion sera confortée par une communauté cimentée, qui mobilise les individus isolés pour les regrouper en militants d’une cause, qui va donner du sens à leur vie.

Ce phénomène est d’autant plus évident et rapide aujourd’hui, à cause des algorithmes d’Internet, qui constituent un véritable accélérateur en exploitant nos biais cognitifs, à travers les réseaux sociaux.

Le « biais de confirmation » qui consiste à ne rechercher que les informations qui confirment notre croyance, et « le biais de conformisme » qui nous incite à penser comme ceux qui sont autour de nous, sont autant de leurres qui verrouillent nos fausses certitudes.   

La minorité d’intellectuels, de scientifiques, de penseurs qui cherchent à nous alerter sur les dangers de cette escroquerie cérébrale sont inaudibles.
Les médias populaires ne leurs laissent qu’une place insignifiante, car ils sont dopés à l’addiction du sensationnel, qui nourrit leur fonds de commerce.  

Ceux qui savent ne parlent pas et ceux qui parlent ne savent pas.

Ce défaut de déni, très largement pratiqué, impacte de très nombreuses situations avec de graves conséquences.

•Déni et vie quotidienne

Nos choix, nos décisions quotidiennes, découlent de nos pensées. En s’exonérant de l’effort de recherche de vérité, nous ouvrons grande la porte à nos erreurs, dont les conséquences usent notre quotidien, car la vérité ne change pas d’avis.

• Déni et complotisme

Certains, guidé par leur extrémisme, deviennent complotistes en s’enfermant dans un monde irréel et parallèle. Trop parcellaire pour faire force, trop en marge de la société pour y participer, trop en souffrance dans une révolte personnelle incomprise. Ils sont en fait, les seuls véritables ennemis du combat qu’ils ne cessent de perdre.

• Déni et populisme politique

D’autres profitent et abusent de ce travers en construisant un pouvoir aussi pernicieux que dangereux, par la pratique du populisme, avec pour seul objectif de servir leur vanité. En se dédouanant de toute vérité, ils proposent un mode « idéal », en sachant pertinemment que la pratique leur interdira de l’offrir. Ils surfent sur le terreau de notre naïveté. S’en suit une déconvenue générale qui affecte notre confiance en l’avenir et détruit l’image de leurs promoteurs.

• Déni et idéologie

La fabrique d’une fausse idéologie, basée sur le déni, engage des décisions qui peuvent jusqu’à remettre en question l’avenir de notre humanité.

Un dictateur qui viole la réalité historique, pour croire vraie une idéologie bâtie sur le mensonge, qui explique une guerre injustifiée et inhumaine, ce qui remet en cause, jusqu’à l’existence même d’un peuple injustement martyrisé.

Des populations entières qui justifient leur incapacité à évoluer vers l’accès au bien-être par la seule faute du poids de leur passé colonial. Ils fustigent leurs soutiens, pour s’enfermer dans un futur « partenariat » qui leur fera apparaître bien douces les ingérences du passé, quand les magiciens d’aujourd’hui deviendront les bourreaux de demain.

Tout cela est entretenu par le déni qui pousse sa force de nuisance jusqu’à nous empêcher d’agir avec suffisamment de vélocité et de moyens, alors qu’il s’agit de notre survie globale sur notre terre abîmée.

Le déni est notre pire ennemi.

Du refus du déni, de la recherche de la vérité, dépend la base de la qualité de notre raisonnement.
De la qualité de notre raisonnement dépendent nos décisions.
De nos décisions dépend directement la qualité de notre vie.

Notre cerveau, cet outil incroyablement compliqué et assurément encore mal connu, est certes un outil magique. Ce n’est pas pour autant qu’il faille le laisser à l’abandon, en lui laissant, par facilité, toute initiative.

Ce n’est, que par un entretien attentif et régulier, qu’on pourra exiger de lui, un rendement cohérent et efficace.
Dans ces conditions, il pourra exprimer son immense force d’influence à gérer nos souffrances, à valoriser nos qualités naturelles et à accepter ce qui ne peut pas être transformé.    

Instaurer le doute

Notre cerveau préfère la récompense à l’accablement.

Pour cela, il détourne notre attention en masquant notre objectivité, il nous laisse croire ce que nous voulons croire et non pas ce que l’évidence devrait nous conduire à croire.
Le mauvais diagnostic proposé nous interdit la bonne solution et cette facilité confortable sur l’instant, s’avère néfaste pour l’avenir.

Douter est une arme efficace contre le déni. Il faut en accepter le principe car, c’est le chemin inconfortable de la contradiction, qu’il nous conduira à la vérité.
Ouvrir la voix au doute, confortera notre opinion ou, réformera notre intuition.

Ce parcours laborieux nous place sur le chemin de la sérénité, seul capable de conduire nos bonnes décisions.

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