- LE FACTUEL
La caisse à outil.

L’homme est un « être social » dont la survie dépend de sa capacité à vivre ensemble comme une condition essentielle qui détermine son ressenti en termes de bonheur ou de malheur, de souffrance ou de plaisir.
Comme il est mortel, la nature l’a doté de cette caractéristique immuable pour assurer sa survie par la nécessité de la procréation.
C’est cette certitude de mortalité qui met l’humain dans l’absolue obligation de chercher à « vivre bien » durant sa courte vie, et c’est ce besoin qui créait inévitablement de la compétition dans cette race qui ne peut juger de sa qualité de vie que par comparaison avec les autres.
Le principe de compétition inclus à la fois un impératif de solidarité et un défaut d’agressivité. Solidarité pour établir des valeurs communes qui servent de base à la comparaison, la règle. Défaut d’agressivité, surtout quand la situation tourne à notre désavantage.
Le sport de compétition est un exemple caractéristique de ce schéma, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il est considéré comme moralement valorisant, car c’est un exutoire pacifique en réponse à une perception agressive.
La nature nous a donc fourni une caisse à outil très complète qui comprend l’obligation vitale d’agressivité.
La notice

Prévoyant que l’utilisation de cette « caisse à outils » pouvait fabriquer une agressivité dangereuse, la nature, prudente, l’a accompagné d’une notice d’utilisation.
A bien observer, on peut même lire, en nota bene, l’avertissement suivant :
« Nous attirons votre attention sur l’obligation de respecter la notice qui vous est fournie car sans précaution, l’usage des outils mis à votre disposition peut s’avérer dangereux. Notre garantie comprend le respect de cette obligation. »
Les outils mis à notre disposition ne sont opérants que si la notice d’accompagnement est bien respectée.
Le stockage

La nature pour moi, un créateur pour certains, Dieu pour d’autres, n’ont rien trouvé de mieux que de stocker ces innombrables outils dans une boîte dite « boîte crânienne ». Il fût décidée de l’appeler « cerveau ».
Il fallait, pour faciliter l’usage quotidien, que les outils soient disponibles en permanence donc transportables. Le défi était de taille tant la quantité est impressionnante. Un énorme effort de miniaturisation s’imposait.
Imaginez 86 milliards de neurones, représentant un million de giga-octets de données à loger dans une boîte d’un kilo et demi ne représentant que 2% du poids de l’homme, mais consommant 20 % de son énergie car il était prévu que tous ces outils, en plus d’un usage individuel, puissent être utilisés collectivement de manière interactive.
Cette concentration imposait de détruire les outils (neurones) non utilisés qui disparaissent à hauteur de 85.000 par jours, dès la naissance et jusqu’à la mort.
Les neurones peuvent vivre des décennies, mais s’ils ne sont pas utilisés, ou mal utilisés, ils disparaissent.
- LE BON USAGE

De l’usage régulier du cerveau et du bon respect de la notice d’utilisation, dépende la qualité de notre vie, car c’est bien notre raisonnement qui décide de nos actions… et lui seul.
L’utiliser régulièrement, respecter les règles contraignantes d’utilisation, dépendent de notre volonté et de notre environnement.
A la différence de notre héritage génétique à part, nous sommes à la naissance dotés de la même « caisse à outil ».
Il existe bien quelques rares accidents de fabrication qui livre un outillage défectueux. Mais, la différence se joue principalement sur le respect de la notice d’utilisation, et la fréquence de son usage, dès la naissance.
C’est l’entrainement qui fait la performance.
Si le hasard de la naissance influence génétiquement, ou par l’éducation, l’habitude d’une bonne pratique du bon raisonnement (celui qui détermine nos actions et par de là notre avenir), nous avons toujours la possibilité, à coups d’efforts, de rattraper une partie de notre handicap de départ.
A la différence du reste de notre corps, qui ne correspond qu’à la partie mécanique, il est plus difficile de comprendre, en ce qui concerne notre cerveau, qu’un bon entretien améliore son état et sa longévité.
Pourtant c’est pareil, mais plus difficile à percevoir, car la notice d’utilisation est noyée dans un outillage énorme et nombre de perversions nous guettent pour en dévoyer l’usage.
Pourtant notre cerveau, comme notre corps, sont largement influencés par l’usage que l’on en fait.
- LA CONSEQUENCE

Cette observation peut paraître triviale, mais à ne pas y porter attention, ne pourrions-nous pas comme Rick, dans Walking Dead » nous réveiller, entourés de « rôdeurs ».
Notre cerveau, faute tout simplement d’usage, aurait détruit tellement de cellules devenues inutiles qu’il ne nous resterait plus qu’un corps de zombies ingérables, obsédés par la faim, et dirigées par la seule agressivité.
Nombre d’exemples nous démontre notre aptitude à faire et refaire les mêmes erreurs, en espérant chaque fois, un résultat différent quitte à nous conduire à la folie.
A observer la marche du monde, ne peut-on pas s’interroger sur cette triste éventualité ?
La richesse des possibilités de notre cerveau constitue un terreau de qualité exceptionnelle. Il est donc normal que les mauvaises herbes puissent s’y développer.
Comme en agriculture, ne pas nettoyer en permanence le terrain, interdit aux bonnes graines de se développer : la récolte devient alors minable. Non seulement le fruit est rare, mais il se trouve déformé par de nombreux parasites qui prolifèrent.
Dans notre cerveau, les parasites sont à l’affût pour profiter de notre fainéantise. Ils prennent rapidement la place que l’absence ou l’erreur de raisonnement leurs laissent. C’est ainsi que les plus connus, comme l’idéologie dogmatique, l’intuition, la pulsion, la vengeance, et même certaines croyances… pourrissent le fruit.
De plus, il peut s’arranger par facilité ou par intérêt apparent, à adopter sans contrôle, la mauvaise idée livrée comme un cadeau bien emballé par ses propres congénères motivés par un pouvoir qui ne sert que leur égo, en oubliant le bien commun.
La propagation de ce mode d’adoption est exponentielle et ce partage collectif donne lui aussi un sentiment de force et de sécurité au seul prétexte qu’il est largement partagé. Il s’affirme bien souvent par l’expression d’une quasi-hystérie collective.
La nature a horreur du vide. Toute la place non utilisée par notre raisonnement sera occupée par nos biais.
- LA PREUVE

Mon goût pour le doute, en tant que meilleur moyen de contrôler la justesse du raisonnement, m’amène à m’interroger.
Et si ce raisonnement était faux et n’avait pour seul objectif secret que de me faire croire que le bon chemin s’y trouve ? Je n’ai que deux moyens d’en contrôler la qualité :
• Mes données de bases sont-elles factuelles ? Me suis-je bien appliqué la règle qui consiste à croire vrai ce qui l’est, et non pas ce que l’envie m’amène à croire vrai ?
• Puis-je étayer ma théorie par des exemples concrets, qui la validerait ?
La formule utilisée par analogie ne permet pas de garantir l’aspect factuel du propos, puisque la nature pratique qui me sert d’exemple n’est pas très comparable à la nature purement intellectuelle du sujet.
Je suis donc obligé, pour cette première interrogation, de rester sur ma faim.
Par contre, pour ma seconde interrogation, le terrain actuel est parfaitement propice, puisqu’il regorge d’exemples qui démontrent les conséquences insupportables provoquées par l’errement du raisonnement humain.
Observez les deux grands conflits en cours actuellement.
Où trouver une once de raison dans la décision du dictateur sanguinaire russe, pour décider d’envahir l’Ukraine, au détriment même de tous ses intérêts. N’est-ce pas seulement le fruit d’une vision idéologique fabriquée sur le fondement de mensonges historiques ? Comment ne pas constater le nombre impressionnant de parasites dans le raisonnement pour conclure à une telle décision suicidaire et dévastatrice ?
Que cherchez d’autre que le malheur de tous, y compris de soi-même, dans l’action terroriste du Hamas dans le seul objectif impossible à atteindre, d’éliminer une peuple entier ? Voyez-vous également, dans la décision israélienne d’envahir Gaza, autre chose qu’un absolu besoin de vengeance, en payant un prix particulièrement élevé, tout en ayant parfaitement conscience qu’il sera impossible d’éliminer une idéologie par la force de la guerre ?
A croire vrai la théorie de certains scientifiques, qui prétendent que l’homme n’utiliserait que dix pour cent de sa capacité cérébrale, pour élaborer et mettre en œuvre des action à l’opposé de l’objectif recherché.
On peut se demander si notre cerveau n’aurait pas inclus un outil dominant à des fins d’autodestruction.
- EN ATTENDANT

Faute d’autre explication, si l’on accepte que nos errements se justifient par le fait, que la nature estimant que toute chose doit prévoir sa fin, la question se pose de savoir comment et quand ?
On pourrait comprendre que la nature pour moi, (un créateur pour certains, ou Dieu pour d’autres) ait prévu d’éliminer de la surface de la terre sa propre création, en considérant cette décision nécessaire à sa propre survie, tant l’homme n’a cessé de chercher à détruite son créateur, surtout quand il s’agit de la nature.
Il semble impossible de déterminer quand cela se produira mais on peut observer que les choses s’accélèrent rapidement.
Notre cerveau est génial, il accélère en permanence le rythme de son évolution. Il ne peut s’empêcher de créer et d’innover. Grâce à cela, il interconnecte de mieux en mieux tous les individus. Les grandes révolutions technologiques, accouplées aux nouveaux moyens de diffusion de l’information, permettent à tous de bénéficier très rapidement des bienfaits des nouvelles découvertes.
Mais voilà, cela ne garantit pas pour autant ni la qualité du produit exporté, ni l’assurance que ce produit exporté si rapidement ne soit pas néfaste à son futur usager.
Là ou autrefois, il suffisait de ne mettre d’accord qu’un nombre restreint d’individus limités au départ par une tribu, ensuite par un village, voir un pays, il faut maintenant partager les moyens mais surtout les idées avec tous les colocataires du monde. C’est nettement plus compliqué, surtout si on admet que les mauvaises idées s’exportent mieux que les bonnes.
La preuve est faite qu’une bonne idée de départ peut devenir mauvaise à trop vouloir la partager rapidement.
- ET ALORS ?

Je ne suis pas un spécialiste de celui qui sait tout, sur presque rien.
Ni un idiot, celui qui ne sait rien, sur rien.
J’espère ne pas être un prétentieux qui sait tout sur tout. (Quoi que…)
Peut-être suis-je simplement dans la masse de ceux qui ne savent presque rien, sur un peu tout.
Mais je travaille. Par curiosité, je cherche à comprendre et lorsqu’une idée me traverse, aussi saugrenue soit-elle, j’ai le désir de la partager, en acceptant le risque d’un jugement de stupidité, pour bénéficier d’une appréciation favorable.
C’est ce que je fais dans mes écrits et à me relire je constate que cela sert surtout à mon plaisir.