
Certains dirigeants ou responsables militaires occidentaux prétendent que Vladimir Poutine aurait l’intention d’envahir, à court terme, des pays baltes de l’ancienne URSS.
D’autres s’interrogent sur cette éventualité ou pensent qu’il n’osera pas prendre le risque d’un conflit avec l’Otan.
Cependant la seule certitude commune à tous les analystes, c’est de n’être sûr de rien.
Lorsque les occidentaux débattent du sujet, ils ne peuvent le faire qu’à travers des arguments bâtis sur leur logique qui n’est pas une valeur qui dirige la pensée de Poutine.
Il est par ailleurs impossible de s’adapter aux critères de son raisonnement, que nous ne connaissons pas, s’il existe.
Nous sommes donc contraints d’imaginer à partir de notre logique modifiée du constat factuel des actions conduites récemment par ce dictateur, ce que pourrait être ses décisions à venir.
Mais, là encore, nous constatons un tel désordre qu’il est impossible d’en tirer des conclusions valides.
Nous observons qu’à l’évidence Poutine est un « War-Killer », à savoir que la guerre fait certainement partie, pour lui, des conditions ordinaires que l’on doit mettre en œuvre pour remplir ses objectifs.
Les valeurs d’humanité n’ont pas de place dans son raisonnement, sauf à exprimer une faiblesse inutile et détestable, réservée à l’Occident.
Les autres inconvénients de la guerre, tels que les pertes humaines, la nécessité de conduire une politique économique de guerre ou bien même les sanctions imposées à son pays ne semblent pas être de nature à remettre en question ses objectifs.
Il a démontré, à plusieurs reprises, son obsession de reconstituer l’Empire Russe tel qu’il était à son apogée sous Alexandre 1er, en passant dans un premier temps par la reconquête des territoires de l’URSS qui lui auraient été volé par l’hégémonie occidentale.
Pour valider ses souhaits, il bénéficie de la faculté de les croire justes en manipulant l’histoire passée, pour n’en retenir que les éléments qui servent son idéologie, à travers des interprétations qui vont dans ce sens, aussi fausses soient elles.
Pour croire possible cette reconquête, il se convainc de son hyperpuissance en ne sélectionnant que quelques éléments de la suprématie de son pays, tels que sa puissance nucléaire ou le niveau de résilience de son peuple et en s’interdisant d’observer toutes ses faiblesses, y compris le constat que son « immense armée » patine en Ukraine.
Ce travail lui est aussi facilité par une grande expérience à tronquer la réalité grâce à un apparat démonstratif, sans voir le ridicule de cette représentation. Son entourage direct, bien conscient du risque d’évoquer avec lui une quelconque défaillance, entretient savamment cette illusion pour des questions de survie personnelle.
Presque tout dans son environnement conforte son sentiment d’hyperpuissance, et la répression se charge de contenir dans la discrétion ceux qui pourraient le contredire.
Enfermé dans le luxe de ses palais ou de ses datchas, entouré d’oligarques milliardaires à sa botte, il ne sélectionne qu’un entourage l’idolâtrant, de grès ou de force, lors de ses contacts extérieurs.
Ainsi, chacune de ses apparitions, qui font l’objet d’une stricte préparation scénique, le conforte dans la plus grande adhésion de son peuple à la conduite de cette politique.
Enfin, il entretient des alliances stratégiques avec certains pays qu’il ressent comme une reconnaissance du bien fondé de ses actions, alors qu’elles ne sont que l’expression d’un intérêt ponctuel, fragile et réversible.
Cette capacité d’aveuglement s’explique également par son long passé dans une organisation « décérébrante » qui a instauré en valeurs fondamentales l’obtention des résultats par le mensonge permanent, la violence, la force et l’illusion. Il repousse même toutes contradictions éventuelles jusqu’à refuser le risque de consulter Internet. Toutes ses actions ne sont envisagées que sous l’angle de la force et du conflit.
A la vue de ces éléments, notre logique d’occidentaux, nous conduirait à considérer la probabilité d’envahissement d’un pays indépendant limitrophe à la Russie, comme une éventualité crédible, et nous ne pouvons pas penser à une quelconque retenue de ses actions par le fait qu’elles seraient objectivement opposées à ses intérêts.
En effet Poutine, qui conditionne ses actions en fonction de ses pensées, obtient des résultats contraire voir opposé à ses objectifs. Il lui suffit alors de modifier ses pensées pour transformer la qualité de ses objectifs, tout en poursuivant ses actions.
L’espoir est ce qui nous fait tenir, lorsque tout semble perdu d’avance.
Nous pourrions créer un clone qui, dirigé par l’intelligence artificielle, nous permettrait d’appréhender les réaction de Poutine, en fonction des évènements de l’actualité. Mais, il faudrait pour cela y inclure une organisation de pensée, dont rien ne prouve qu’elle existe si ce n’est par l’application d’un algorithme aléatoire qui proposerait un résultat qui le serait tout autant.
Conséquences.
Deux questions se posent alors :
– Poutine aurait-il les moyens militaires d’envahir un pays de l’Otan ?
– Quelle réaction faudrait-il avoir ?
A observer les difficultés de la Russie à remplir ses objectifs en Ukraine, on peut affirmer que Poutine seul n’aurait pas, actuellement, les moyens de soutenir une guerre conventionnelle contre l’Otan. En dehors de la Corée du Nord, ses principaux autres alliés (Chine, Iran…) ne mettraient certainement pas directement leurs moyens guerriers à sa disposition.
Cependant, rien ne l’empêcherait de conduire une action belliqueuse sous d’autres formes, telles que la mise en œuvre d’une déstabilisation par la propagande et l’ingérence ainsi qu’une guerre logistique et informatique, cherchant ainsi à instaurer le chaos chez ses voisins. Nous y sommes déjà.
De plus, ces formes d’attaques pourraient préparer le terrain, en lui laissant le temps de reconstitution de ses forces armées à marche forcée, grâce à une économie de guerre efficace et à la puissance de son outil industriel.
Le peuple russe, formaté de longue date, à une soumission sans condition, et sous le joug d’un nationalisme exacerbé ne serait certainement pas un obstacle insurmontable.
Comme la soumission des pays Baltes envahis ne serait qu’une étape intermédiaire à l’objectif de destruction de l’occident et de ses valeurs démocratiques, les pays organisés sous ce régime, seraient dans l’obligation de réagir avec fermeté, avec ou sans le concours des Américains.
Or, les pays européens qui avaient abandonné l’idée de l’éventualité d’une guerre conventionnelle en Europe, n’ont pas actuellement une puissance militaire suffisante pour supporter un tel conflit et il n’est pas certain que les Etats-Unis interviendraient directement, à travers l’Article 5 de l’Otan.
Les spécialistes militaires confirment, qu’en Europe démocratique, une fois mis en œuvre des budgets consacrant au minimum un doublement d’affectation de dépenses pour la défense, qu’il faut au minimum 10 ans pour constituer une armée significative opérationnelle.
Cette incapacité structurelle à réagir pourrait conduire l’Europe à des négociations honteuses pour canaliser l’hégémonie du tyran, en acceptant d’y sacrifier la volonté démocratique de quelques voisins.
Peut-être même qu’elle y perdrait son âme et sa raison d’exister : l’Union Européenne serait alors rebaptisée « l’Archipel Européen », une myriade d’îlots indépendants qui commercent ensemble, pour continuer d’exister.
N’espérez toujours que le meilleur, mais soyez prêt pour le pire.
Un espoir si mince.
Tout libéral démocrate rêve d’un monde sans Poutine ou le peuple russe sortirait de sa torpeur pour accéder aux délices de la liberté.
Tout démocrate objectif pense que seul le peuple peut exiger et obtenir une telle évolution mais que les conditions pour y satisfaire sont encore très loin de le permettre.
Les Russes sont comme des lapins courant vers le fossé, aveuglés par les phares puissants du Kremlin.
Lorsqu’un peuple vit sous dictature, il doit supporter d’être exploité par celui qui le dirige en se contentant de l’admirer pour son génie et d’être déchu de sa liberté.
L’opposition.
Sans rien enlever aux grandes qualités reconnues de Ioulia Navalnaïa il lui sera très difficile, depuis l’étranger, de fédérer l’opposition interne à Poutine. L’étanchéité des frontières russes rend le peuple sourd au bruit de l’occident, et la répression colmate les rares fuites.
Par contre, sur le plan international, elle devrait entretenir la mobilisation contre Poutine, alors que l’assassinat de Navalny à déjà produit son effet sur l’occident.
Reste le seul moyen d’influencer l’opinion russe : toucher à leur vie dans ce qu’elle a de plus pratique.
Il s’agit, à moyen terme, de l’effet des sanctions économiques interférant sur leur quotidien.
La mafia dirigeante Russe bénéficie de deux sentiments terriblement encrés à son avantage. La peur d’un côté et la résilience de l’autre.
Pour entretenir, au plus haut niveau, ces deux sentiments, les mafieux entretiennent la peur par la répression et la résilience, par l’ignorance et l’isolement.
Rajouter à cela la couverture du maintien de la peur par une autre peur qui consiste à présenter un ennemi imaginaire qui active le nationalisme et l’entretien de l’ignorance par la propagande, le tour semble joué.
Le seul bruit que peut entendre le peuple russe est celui généré, dans la durée, par les sanctions économiques pour lesquelles l’étanchéité des frontières n’est pas opérante.
Les Russes sont vindicatifs dans leurs cuisines , et discrets face au micro de rue.
Reste Poutine.
Toutes les conditions législatives sont verrouillés pour que le tyran reste au pouvoir jusqu’en 2036, soit jusqu’à son 83ème anniversaire.
Il ne montre aucun signe de dégénérescence physique ou mentale.
Les éventuelles velléités de son entourage direct a fomenter un coup d’état sont inaudibles.
Tous les éléments objectifs à notre portée nous laissent donc penser que le temps joue en sa faveur.
Seulement pouvons-nous penser que le meilleur ennemi de l’avenir de Poutine est certainement lui-même.
Il est en effet possible, qu’animé d’une telle agressivité, conduite par un raisonnement aussi erratique, il commette l’erreur de trop. Celle qui, masquée par son sentiment de pouvoir absolue, lui cache l’évidence.
A part King Jong-Un, personne ne le suivrait plus dans sa dérive mortifère, et ses alliés d’hier deviendraient ses tortionnaires, le rêvant, comme Kadafhi, la tête dans le tuyau.
L’espoir fait vivre , mais beaucoup en sont morts