C’est à la caisse, chez Grand Frais,
Quand la caissière fait défiler,
Sous le scanner, les produits frais,
Avant de prendre la monnaie.
Vous venez de supporter,
Celui qui vide son panier,
Lent comme un fourmilier,
Et l’autre qui rêve éveillé.
Sur son iPhone concentré,
Celui qui ne peut que constater
Que son compte en banque affiché
Ne lui permettra pas de payer.
C’est l’occasion de partager,
Juste pour faire patienter,
Quelques propos délibérés,
Que je vous livre sous pamphlets.
Puis le moment est arrivé,
Celui qu’on ne peut éviter,
Maintenant c’est à toi de payer,
Et ton sourire disparait.
Ma semaine à la caisse….
Lundi matin : Grand Frais : Avec Ginette, la femme d’Edouard.
Mais tout est cher, c’est incroyable, t’a vus Edouard le prix de ces boudoirs !
N’est-ce pas monsieur ?
Moi, je trouve qu’il y a les choses trop chères et les autres qui sont trop coûteuses.
On a beau dire, chez Lidl, c’est quand même bien moins cher !
Moi, je ne vais jamais chez Lidl, justement parce que c’est moins cher.
Et pourquoi donc, vous n’aimez que la qualité ?
Non c’est pas ça, je bouffe n’importe quoi, mais quitte à payer cher, je préfère le savoir.
Ah ! quand on n’a pas de problème de budget !
Non, je suis raide comme un passe lacets, mais je n’aime pas me faire baiser.
Allez, c’est à vous de payer.
Lundi après-midi : Chez Cultura, cette fois.
Bonjour Monsieur, puis-je vous demander où vous avez trouvé ce livre de Tesson ?
Bizarrement au rayon nouveautés, sur la pile de gauche. Amatrice vous aussi ?
Oui, je l’ai vu à la télé, c’est Dujardin qui en parlait. Vous connaissez l’histoire ?
Pas du tout, c’est le titre qui me parle, « Les chemins noirs », ça intrigue quand même. Ça doit être un thriller, bien sombre.
Il ne semblait pas dire ça à la télé, c’est sur la marche en forêt.
Non, sans déconner, alors je me suis trompé ? Parce que moi la forêt, ça me fait bien chier.
Non, il marche, mais il réfléchit aussi.
En plus il faut réfléchir, prenez ma place je le remets.
…Et la vendeuse dépitée, alors vous payez ?
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