
Notre président apparaît comme tellement sûr de son savoir-faire qu’il néglige souvent le faire savoir.
C’est ainsi, qu’au fil des 7 années consécutives de pouvoir, son image s’est dégradée jusqu’à se questionner sur sa possibilité de terminer son second mandat.
En régime démocratique « le pouvoir appartient au peuple » et, dans la pratique, le respect de cette valeur fondamentale, constitue paradoxalement son principal défaut.
Comment associer, en effet, l’obligation d’obtention de bons résultats pratiques avec l’acceptation du peuple à supporter les contraintes inévitables des mesures utiles à ce résultat ?
L’exercice est d’autant plus difficile que la recherche « du bien commun » pour le peuple passe par des frustrations individuelles où chacun ne perçoit les contraintes que sous le prisme de son intérêt personnel.
Comme il est impossible de plaire à chacun tout en plaisant à tous, la seule « solution » consiste dans l’alliance de deux qualités antinomiques : celle de faire, en conscience, ce qui est bon pour l’ensemble de son peuple et celle de faire croire que c’est bon pour chacun. L’une tient de la responsabilité et de l’honnêteté, l’autre du mensonge et de la perfidie.
Faire croire, l’après-midi, que les décisions collectives prises le matin répondent aux désirs individuels et extravagants de chacun, tient de la gageure.
La difficulté de l’exercice de cette particularité est aggravée par notre biais commun du « toujours plus », exacerbé par l’augmentation de la « polarisation » de notre société.
Au fil du temps, les acquis sont oubliés et l’esprit libéré n’apprécie le « mieux » que comme un minimum.
Cette « usure du pouvoir » n’est que l’expression des contraintes imposées par la réalité de l’action.
Elle est généralement proportionnelle à la hauteur des espérances innocentes face aux annonces de campagne, comprises comme une certitude de réalisation à venir.
Les enfants gâtés de la démocratie deviennent des adultes capricieux de la pensée polarisée.
Ce « grand écart » d’attitude sacrifie l’honnêteté de sa communication avec, en plus, l’obligation d’expliquer très simplement des choix très compliqués. Alors même qu’une décision passe par la contrainte d’une bonne expertise longue et rigoureuse, le temps devient ensuite compté lorsqu’il s’agit de l’expliquer aux concitoyens.
Le compromis de la bonne, ou de la moins mauvaise décision possible, tient compte du constat éclairé des effets de la connaissance du sujet traité. Il provoque une cascade d’évènements secondaires trop longs et trop compliqués à expliquer dans l’espace condensé de la communication.
Il y a incompatibilité entre le format réservé à l’explication et la performance de son message.
En matière de communication, trop de détails nuisent à l’écoute que la compréhension exige.
Tous les dirigeants libéraux sont confrontés à cette difficulté et l’on croise toutes sortes de réponses, que l’on constate dès la campagne électorale.
• Le populiste qui adopte dès le départ une posture démagogique qui facilite son accès au pouvoir, mais qui rend ensuite son exercice périlleux. Au déni de toute réalité, il s’enferme ensuite dans la voie du mensonge, par une fausse interprétation des faits qu’il espère faire croire grâce à son seul charisme.
Pour celui-là, le risque de chute brutale de son pouvoir est proportionnelle à la facilité d’y avoir accédé. Outre les dégâts occasionnés par son inévitable incompétence, s’ajoute un chaos qui laisse des traces car le populisme peut emporter la démocratie imparfaite pour nourrir une dictature parfaite.
• Le pragmatique qui imagine déjà que l’enthousiasme suscité en campagne sera proportionnel aux futures revendications que la pratique du pouvoir lui imposera. Il tente alors de masquer les points faibles de son programme en mettant en exergue les points forts, pour éviter une trop forte prise à la contradiction ultérieure.
Celui-ci au pouvoir, doit souffrir de jongler en permanence entre l’ombre et la lumière.
• Le réaliste qui sait cette difficulté comme inévitable. Un fois « aux affaires », il reste aussi taiseux que possible en s’enfermant dans « une tour d’ivoire ». Il dirige parfois à minima, pour éviter de donner des prises à un combat qu’il sait perdu d’avance.
Celui-là restera dans l’histoire courte comme un fainéant inutile, parfois assez sympathique.
• Le fossoyeur qui ne fait campagne que lorsqu’il est certain de ne pas pouvoir la gagner. Il trouve son confort et sa raison d’exister dans le dénigrement systématique qui entretient son petit fonds de commerce dans la durée, quel que soit le pouvoir en place.
Le seul à ne pas être confronté aux frasques du pouvoir, puisqu’il n’en veut pas. Ce singe qui ne cesse de taper contre les barreaux de sa cage en prétendant qu’il ne peut pas en sortir, alors que les clefs sont sur la table.
A observer le comportement de certains de nos élus en Assemblée on pourrait réduire la pratique démocratique à l’art de diriger le cirque depuis la cage du singe.
Il ne faut pas le faire car si l’on s’en tient au respect des valeurs d’humanité c’est bien le moins mauvais système de gouvernance que nous ayons trouvé.
Reste à trouver des dirigeants qui restent au gouvernement grâce à leurs consensus, tout en restant dans l’histoire grâce à leur courage.
Je quitte à l’instant l’écoute d’un débat télévisé ou les représentants de partis politiques tentaient de débattre de leurs contradictions. Le journaliste n’a pas réussi à canaliser les intervenants au point que l’amalgame des propos simultanés les rendaient parfaitement incompréhensibles.
Comment des élus représentants leurs partis peuvent-ils, à ce point, gaspiller le temps précieux du débat télévisé en un pugilat inaudible imposés à des milliers de leurs électeurs ?
Comment confier l’avenir de notre pays à des gens que l’émotion domine jusqu’à en oublier de seulement d’être entendus ?
Ceux-là mêmes qui s’étonneront de l’immaturité politiques de leurs concitoyens qui s’abstiendront de voter le mois prochain, et qui en coulisse de l’émission se congratulent de la bonne tenu du débat inaudible !!!