Le match du siècle ! ©

En cette coupe d’Europe, à ce moment du match, c’est au milieu du terrain que l’arbitre s’apprête à siffler. Son regard se porte à droite, puis à gauche et que voit-il ?
Les deux équipes sont lamentablement couchées ou genoux à terre, certains joueurs rampent  même, cherchant à rejoindre l’équipe adverse !
Il ne peut quand même pas siffler le début de la partie !

Ce n’est ni plus, ni moins, que le prélude d’une fiction de série b qui se joue et que j’observe, bien calé dans mon canapé. Ma boulimie étant proportionnelle à la quantité d’information à absorber, j’ai choisi la formule : télé sur ma droite et radio sur ma gauche. Ma meilleure chance de ne rien perdre de la qualité de cette confrontation qui s’annonce serrée.

Côté télé, Cnews présente, en maillot strict impeccable barré d’un Z sur fond bleu, les favoris, mais avec un seul remplaçant sur la touche. Un petit chauve rondelet qui n’inspire pas la confiance car il fait partie de ceux qui rampait, pour rejoindre le camp opposé.

Côté radio, France Inter, présente les outsiders,  avec un capitaine qui est le seul à porter un beau maillot rouge-violet, les autres joueurs font pitiés avec leurs débardeurs chamarrés avec un joli écusson noir, bleu, vert.  Ça va pas être facile de les reconnaître sur le terrain. Par contre, atout majeur, autant de remplaçants prévus que de joueurs sur le terrain. Ils prévoient de la casse, où quoi ? 

Pascal commente la stratégie de son équipe, qui ne prévoit pas de jouer toute la partie mais seulement la première mi-temps à fond la caisse, (d’où leur seul remplaçant), nous précise que leur entraîneuse est restée au vestiaire pour éviter d’être huée en cas de but adverse.

Nicolas, l’autre présentateur, nous explique de son côté, qu’ils vont tout faire pour pourrir la partie, à coup d’arrêts de jeu, de fautes provoquées, de chutes simulées, décidés sur l’instant en fonction des circonstances par le seul mec en rouge qui cumule les fonctions d’entraineur et de capitaine sur le terrain. Seul capable de remplacer à tout instant l’ailier qui ferait la moindre passe à quiconque d’autre que lui.

Un zoom sur les tribunes nous oblige à remarquer un mur en béton hérissé de barbelés qui sépare les supporters pour éviter un affrontement, tous réputés « ultras ».
Dans les loges VIP, seulement deux étrangers de marque, l’un en provenance de Caracas, cigare au bec, l’autre caché par la tourelle de son blindé réformé des années 50.

Visiblement ces deux invités donnent, avec leurs mobiles, des consignes claires, dont les hochements de la tête des deux capitaines, attestent. Cela voudrait-il dire que les vrais patrons sont dans les loges ?
On se demande bien que font un Vénézuélien et un Russe dans ce match de coupe d’Europe ?

Après 45 minutes + 20 additionnelles pour compenser les innombrables arrêts de jeu, la mi-temps est l’occasion d’imaginer la stratégie pour la seconde partie du match.
Pour l’instant le spectacle est lamentablement décevant.

Alors que les outsiders courent comme des fous dans toutes les directions en taclant tous ce qu’ils croisent, y compris l’arbitre, les favoris semblent épuisés d’éviter les coups tout en contestant systématiquement les décisions arbitrales.

Les ultras des deux camps commencent à s’énerver de la médiocrité du spectacle. Ils s’ennuient et les barbelés ont déjà été arrachés, ils escaladent le mur pour protester en exigeant le remboursement du billet.     

A la reprise, surprise !!
Côté des bleus seul le petit chauve rondelet est présent sur le terrain et coté rouge on retrouve les onze titulaires plus les 12 remplaçants. On ne va quand même pas reprendre à 23 contre 1 ?

Le speaker nous informe que les dix absents ont été, pendant la mi-temps, transférés en blindé dans une petite ville glacée en Sibérie pour être rééduqués aux règles du football et que les 12 remplaçants de la première mi-temps sont entrés de force sur la pelouse, alors que leurs contrats avec le club ont été rompus et déchirés par leur capitaine, entraineur, dirigeant, soigneur et manageur.

Les ultras des deux camps ont démoli le mur de la séparation et ils s’entretuent à coup de pied, de poing et de marteau !! La police est obligée de tirer dans le tas juste après, heureusement, que la loi sur la légitime défense des policiers soit entrée en vigueur.

Le seul survivant rentre à ma maison, malheureux pour la vie puisqu’il n’y a plus personne à conspuer !!!

Il faut dissoudre le football !!!

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