Cryptos : Bombe à retardement !

Comme, en 1920, Charles PONZI, créa la « pyramide », en 2008, Satoshi Nakamoto, inventa la cryptomonnaie  « Bitcoin ».

Cette comparaison, un peu hasardeuse par sa radicalité, relève cependant de l’exploitation des mêmes sentiments : la cupidité crédule côté acheteurs et l’hubris sans limite côté créateurs.

Il y a deux cas dans lesquels un homme ne devrait pas spéculer sur la crypto :
quand il n’en a pas les moyens et quand il en a.

Ces deux modes d’investissements résultent de la même géométrie pyramidale qui consiste en une large base polygonale avec pour face des triangles qui finissent par un sommet commun.
Tant que la base s’agrandit, le sommet tient.
Plus la base se fortifie, plus le sommet peut-être haut, mais quand la base s’effrite, l’ensemble s’effondre brutalement.

Dans le modèle « Ponzi » comme l’investissement est sacrifié pour rémunérer les intérêts des investisseurs, la pyramide s’effondre quand les sommes procurées par les nouveaux entrants ne suffisent plus à couvrir la rémunération des clients.

Dans le modèle « Bitcoin », l’investissement est virtuel et ce n’est que l’augmentation de la demande qui permet à sa valeur de se maintenir et d’augmenter.

Judiciairement la fraude Ponzi ou Madoff constitue une escroquerie clairement justifiée par le mensonge de la fausse promesse d’un placement concret qui n’est pas réalisé.

Pour le bitcoin et les autres cryptos-investissements, la fraude n’est pas, pour l’instant, relevée puisqu’il n’est pas besoin de mentir pour racoler les investisseurs. Ils savent que l’objet de leur placement est virtuel.

Cependant il est une pratique qui sous-tend le système et qui le maintien artificiellement : les gestionnaires promoteurs du système utilisent le « wash trade » à travers des algorithmes-robots qui achètent et vendent le même actif pour relancer le désir. (les vrais échanges ne représentant que 3%). Cette pratique systématique qui consiste en une tromperie, sans mensonge, n’est pas à ce jour, traitée juridiquement.

Les quelques affaires retentissantes sur les escroqueries liées aux cryptos ne concernent donc que les pratiques délictuelles de leurs dirigeants. C’est la cas pour Changpeng Zhao, surnommé CZ, de Binance ou bien de Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX déclarée en faillite.

Dans les deux objets, Ponzi ou Bitcoin, tout est affaire de timing.
Si vous sortez à temps, vous pouvez faire fortune mais à trop vouloir gagner, vous perdez tout. Le problème est que personne ne maitrise l’horloge capricieuse.

Bien sûr il existe d’autres investissements à caractère essentiellement spéculatif et dont la valeur ne peut pas se justifier par le « vrai prix », tel que par exemple le marché de l’art. Comment justifier le prix d’un tableau de maître qui s’envole à la seule condition qu’il soit très convoité. Ce n’est certainement pas le prix de la toile ou de l’encadrement qui provoque la valeur, pas plus que le talent nécessaire à la réalisation de l’œuvre tant il est répandu dans le monde de la copie.
Cependant ce marché entre dans le monde de l’investissement encadré : il supporte des règles d’équité, de contrôle, de déclarations et d’assurance qui conforte et sécurise sa valeur d’échange.

Dans le monde des cryptos, c’est la liberté quasi-totale. Le créateur ou le gestionnaire ne s’embarrasse pas de contraintes de nature à canaliser ses excès et c’est pour cela que s’y engouffrent nombre de voyous ou mêmes de criminels qui l’utilisent soit pour blanchir des gains illicites, soit pour payer des services illégaux.

La seule valeur pourrait se trouver dans le coût de fabrication du cryptage, le minage, qui nécessite une forte valeur de travail. Hélas cet effort qui consomme une dépense énergétique considérable ne tient pas compte de l’impact écologique  négatif qu’il engage au détriment du bien commun. Si le coût est partagé par tous, il n’est qu’au profit de ses initiateurs.

Les « mineurs de cryptomonnaie » sont incontournables à la création du Bitcoin qui ne pourrait exister sans cette contrainte de fabrication et ils tirent un revenu justifié de leur travail.
Mais la plus grosse part du profit est à l’avantage du gestionnaire de plateformes qui le commercialise : ceux-là vendent, à un prix exorbitant, un savoir-faire peu couteux.

Cette histoire est vieille comme le monde. Le serpent persuade Ève de manger le fruit défendu qui lui donnera la connaissance du bien et du mal, sans savoir qu’elle est réservée à Dieu !

C’est ainsi que 100 millions d’Indiens, 80 millions de Chinois, 70 millions d’Américains et 50 millions de Brésiliens et bien d’autres aventurent leurs économies au seul profit d’un rêve irréalisable, avec la seule certitude d’y risquer leur santé mentale avec leurs économies.

Certains investisseurs en cryptomonnaies réalisent un placement rationnel rentable car ils ont, grâce à leurs moyens financiers importants, la possibilité de maintenir et faire progresser leur capital par leurs capacité à influencer à la hausse le cours du marché.
Ainsi, en achetant ponctuellement une grande quantité, ils provoquent une rareté factice, qui fait grimper le prix. Ils leurs suffit alors de revendre, d’encaisser la plus-value et de recommencer.  

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