Pisser, tout simplement
J’extirpe le tuyau souple lové au fond du slip, je tire la couverture pour découvrir le gland afin de diriger le jet qui, comme un tuyau d’arrosage fou, pourrait zigzaguer et inonder le parquet.
Ce n’est qu’alors que je peux libérer la pression en maîtrisant l’axe du tir qui ensuite agit comme un pointillé qui s’espace de plus en plus, par petits jets successifs.
L’opération est périlleuse, car il arrive parfois que l’exfiltration du tuyau à l’air libre se heurte au passage du slip kangourou, du caleçon éventuel et de la braguette récalcitrante.
Un pli se forme parfois qui perturbe le débit déjà aléatoire. Il faut donc agir avec précision et vélocité, mais le temps nécessaire à la libération du conduit est compté, et si assurément, vider le bocal peut durer, l’amorçage peut surprendre, et là, c’est la cata !
Quand je pense aux bedonnants, je me demande bien comment cette opération délicate peut être réalisée en aveugle. Comment se fait-il que cet appareillage, qui a fait notre fierté et qui a souvent alimenté notre connerie, se transforme, sous l’effet du temps, en outil encombrant, et pourquoi, dans ce cas, les couilles essentielles, autrefois, ne nous aident plus en rien ?
Si les femmes désinvoltes, qui ne se rendent pas compte de notre désarroi, ont l’avantage incontestable de toujours pisser dans la cuvette sans avoir à supporter la vision de leur propre dégradation morphologique, elles supportent l’inconvénient de nous suivre, serpillière et javel à la main, pour masquer nos errements et nettoyer la lunette qui leur est nécessaire.
Si ma femme me quitte, je remplace ma cuvette par une baignoire, j’achète des bottes et je jette la serpillière.
Mes lunettes
J’ai perdu mes lunettes et je ne peux pas retrouver les clefs de ma maison, que j’ai laissé sur la porte d’entrée. Quand j’ai retrouvé mes lunettes, oubliées sur mon nez, mon regard est attiré par la fenêtre que j’ai laissée entrouverte, mais , pour la fermer faut-il que je retrouve mes clefs. Enfin, je vois mes clefs et je peux donc vérifier la bonne fermeture. C’est quand je les retire de la porte que je me rappelle avoir oublié de fermer la fenêtre. Je rentre à nouveau pour fermer cette fenêtre et je quitte ma maison. Après quelques pas, une question me taraude : ai-je bien fermé la porte à clef ? J’y retourne et je constate que j’avais bien fermé. Tout va bien.
Mon mobile
Je vais téléphoner à Michel pour savoir s’il peut garder ma chienne demain. Je me demande bien pourquoi mon iPhone n’affiche plus rien : écran noir ! Je l’ai bien pourtant chargé cette nuit. Il faut que j’appelle mon fils pour qu’il me dépanne, mais sans mobile, c’est difficile. Je sonne chez mon voisin pour lui emprunter son téléphone qu’il me prête volontiers. Je vais dans contact et je ne trouve pas Éric, mon fils. Bien sûr, c’est normal puisque ce n’est pas mon téléphone. Je suis dépité. Je vais retourner chez moi pour consulter mon agenda papier, et mon voisin se demande pourquoi je repars avec son appareil. Il me rappelle, je reviens sur mes pas. Je lui explique, il ne semble pas comprendre, c’est compliqué ! Il m’emprunte mon mobile, le tripote et me demande : à quel nom ton fils est-il enregistré ? Eh bien, au nom de mon fils, pardi. Il me dit : non, il y a rien à « fils ».
Si, je suis sûr qu’il y est, je lui reprends et je trouve bien le téléphone d’Éric, normalement enregistré à Éric. Je me demande s’il n’est pas un peu bête. J’appelle Éric : bonjour Éric, c’est papa, je t’appelle pour me dépanner, car mon portable ne marche plus. Mais comment fais-tu alors pour m’appeler ?
Eh bien, je suis allé sur contact. Mais alors ton téléphone marche normalement. Ah oui, c’est vrai, excuses moi, c’est Michel qui m’a dépanné. Tu peux garder ma chienne demain, j’ai rdv chez mon toubib. Mais, papa, je travaille demain, demande donc à Michel, ton voisin.
Ok c’est ce que je vais faire..