Destitution !

Par Alain

Je ne sais pas vous, mais moi cette année j’étais surpris et heureux de ne pas avoir à supporter le classique aéroplane des vacances, vrombissant à basse altitude le long des plages surpeuplées en traînant derrière lui la publicité pour le supermarché du coin. Dans leur grande sagesse, j’imagine que nos responsables ont pris de drastiques mesures afin d’interdire ce genre d’activité, source de pollution visuelle et sonore.

Croisant ma chère tante Apolline au retour de la plage – où elle aime abandonner nonchalamment son corps sculptural et mordoré –  je lui fis part de ma satisfaction quant à cette absence d’intervention publicitaire intempestive. Sa réaction – fleurie – fut immédiate : « Que nenni mon petit, tu te fourvoies lamentablement. Quand je t’affirme que nous sommes cernés par les cons, je sais de quoi je cause et je viens encore d’en avoir la preuve : en survol du Bassin, un sombre abruti baladait derrière son avion une banderole marquée « destitution ». Tu te doutes à qui ce message était adressé… Bref, on aura tout vu ! ».

Renseignements pris, cet « aviateur » n’en est pas à son coup d’essai et les réseaux sociaux bruissent de ses « exploits ». Il est d’ailleurs activement soutenu dans cette noble démarche par Nicolas Dupont-Machin, attentif à profiter pleinement du moindre fait permettant à sa petite boutique de surnager et lui assurer ainsi sa gamelle quotidienne. Attitude consternante de la part d’un élu qui finalement foule aux pieds le suffrage universel.  D’ailleurs, ce poutinophile transi, rêvant « d’une grande alliance avec la Russie » aurait-il la même attitude si ce zozo survolait  Moscou ?

Quel intérêt d’asséner un tel message ? Alors, « destitution » et après ? Rien ! Le vide, le néant des idées. On peut ne pas être toujours en accord avec nos dirigeants, mais quid du respect des résultats d’une élection ?  Ce ne sont ni les concerts de casseroles ou agressions en tout genre qui permettront à notre pays de vivre une démocratie apaisée…

Désormais, les élus, dès qu’ils montrent leur bobine, se trouvent confrontés à ce que les journalistes ont défini par un terme « A portée d’engueulade ! ». Ainsi chaque Français, en présence d’un responsable, se fera une joie de lui déverser sa bile et ses rancœurs. Cela dit, ces démonstrations font le bonheur des politiques, arborant ainsi devant le peuple courage et détermination face à l’adversité. Sachant bien sûr que le terrain est préparé en amont par des communicants concoctant des répliques qui permettent à l’élu de bomber le torse devant les caméras. Ainsi va notre démocratie, où les postures valent mieux que les débats de fond, où les invectives sont préférées au dialogue constructif, où les réseaux sociaux dictent leur loi.

Mais tout n’est pas perdu ! Certains hommes politiques sont heureux de nous faire partager l’intimité de leur quotidien en vacances, tel le patron de la région Auvergne, en pleine introspection sur les chemins de Compostelle : « Le début était difficile mais le corps s’habitue à l’effort et un rythme nouveau s’installe, plus lent, davantage tourné vers la contemplation ». Laurent Wauquiez contemplatif ? Çà vous en bouche un coin non ? Dans un registre moins bucolique à tendance saucisson /Ricard et coup de rouge, c’est le Secrétaire du Parti communiste qui, de son camping bercé par le chant des cigales, nous dévoile sa fameuse recette de salade aux harengs. Plus populaire, tu meurs !

Et notre premier de cordée ? « Le Président de la république est gardien de la Constitution, et pendant qu’il fait ça, il n’est pas au bistrot ».

(Pierre Desproges).