La retraite Madoff

La retraite française, et particulièrement le budget, se décide aux bars-PMU des 36 000 communes françaises. C’est en fait, le dosage du Kir ou les glaçons du Pastis, qui détermineront le futur déficit et donc l’endettement, et c’est, en définitive,  à la fameuse buvette de l’Assemblée nationale que se concrétisent les décisions du peuple.

Le sommet de la fantaisie est atteint quand il s’agit de débattre de l’avenir des retraites.
Pendant que papa est au café, le fiston apprend à l’école gratuite, car, dans quelques années, il lui faudra travailler beaucoup pour payer cher la pension de son père, pendant une bonne vingtaine d’années.

Le système français du financement des retraites fonctionne comme celui de la pyramide de Ponzi si chère à Madoff, avec quelques adaptations  sécuritaires, assurées par l’État.

En effet, comme Madoff payait les intérêts promis à ses clients avec les sommes investies par les nouveaux arrivants, l’État français paye les pensions de retraites des anciens, grâce  aux cotisations salariales des enfants en activité. Comme par Madoff, le versement de la promesse est assuré par les prélèvements à venir. Comme pour Madoff, le système fonctionne tant qu’il y a assez de nouveaux travailleurs pour payer les pensions de l’instant. Et le système explose quand ce n’est plus le cas, sauf que le déficit masque , dans un premier temps, la faillite, en bouchant le « trou » par l’endettement du pays.   Ainsi, il faut avoir une sacrée confiance en l’avenir économique, pourtant imprévisible, pour espérer ne pas être démasqué.

Cette méthode constituerait une escroquerie si ce n’était l’État qui la pratiquait. Elle devient alors un « système », dénommé « par répartition », car il est agréé par une majorité de citoyens, inaudible au niveau de l’expertise, des électeurs du café du commerce.

C’est pour cela, qu’une forte majorité de Français refuse toutes réformes qui tendraient à stabiliser économiquement la situation, qui ne peut que se dégrader par l’évolution défavorable de la démographie et le vieillissement de la population.  Moins de jeunes au travail et plus de vieux en retraite, c’est comme pour PONZI, moins d’entrées qui ne peuvent plus payer, toujours plus de pensions.

Mais au diable, une tournée générale nous évite la souffrance de cette évidence mathématique, demain est un autre jour.

Système parfaitement immoral, me direz-vous ?
Pas vraiment en fait, car la nature économique rectifie le tir.

C’est ainsi que ce papa, qui épargne justement grâce à la qualité de sa pension de retraite payée par son fiston, lui rend une grande partie de son pécule par donation, héritage, ou assistance, pour l’aider à la payer, tout en lui laissant une dette proportionnellement égale à sa capacité d’épargne.

Cela est d’autant plus vrai pour notre génération de « boomers » qui, par le « hasard du marché » est logée à titre de propriétaire et peut donc consacrer ses anciens bénéfices spéculatifs immobiliers à cette redistribution d’assistance.

Certes, cette donation peut lui imposer le risque, en toute fin de parcours, de ne pas pouvoir assurer le coût exorbitant de son assistance en EHPAD : Peu importe, la solidarité entre alors à nouveau en jeu, et un peu plus d’endettement permettra une nouvelle assistance.

L‘Anglo-saxon qui, de son côté, assure le paiement de ses pensions de retraite  par le rendement du placement de ses cotisations, rigole en se moquant de notre complexité : C’est parce qu’il méconnait notre goût naturel du « je te donne, tu me rends, je te redonne pour te reprendre », qui a pour avantage de diluer notre responsabilité en reportant les inconvénients à demain, tout en respectant la jouissance du présent, et permet ainsi de justifier le salaire des nombreuses officines sensées gérer l’incohérence du fonctionnement du système.

C’est pour cela aussi, que se justifie l’existence des milliers de « cafés du commerce », dont le chiffre d’affaires est à la hauteur de l’importance des décisions capitales qui y sont quotidiennement prises.

Le génie créatif français permet, en transformant la simplicité par une complexité incompréhensible, de nous soulager des stupides contraintes que la rigidité économique impose.

Un avis sur « La retraite Madoff »

  1. En pleine forme, Jean Paul !
    C’est vrai qu’on touche le fond, et ce n’est pas avec la nouvelle marionnette de Matignon que cela risque de s’améliorer !

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