
Par Alain
Je ne sais pas vous, mais moi certaines informations me surprennent. Je viens d’apprendre que bientôt, la France perdrait sa prééminence historique de plus grand pays francophone du monde. Sans doute par méconnaissance du sujet, je ne pensais pas cette évolution possible. Mais alors, quelle nation s’imagine prétendre nous ravir cette première place ?
Rassemblant quelques neurones encore en état de fonctionner, je recherchai donc les prétendants possibles.
Seraient-ce nos amis Belges ? Impossible ! Ce peuple fort sympathique, mais qui prête à rire, est partagé entre deux ethnies : les flamingants, qui placent le français au dernier rang et baragouinent une sorte de dialecte dans lequel les « a » et les « e » virent à l’inflation. Les Wallons, une fois, dont le français est à géométrie variable en fonction de l’endroit de résidence. Donc, rien à découvrir de ce côté.
Les Suisses ? Vous plaisantez ! Faut-il vous rappeler la particularité de cette mosaïque de peuples ? Nous avons des Suisses italiens qui parlent avec les mains, des Suisses allemands qui éructent, quand aux Suisses romanches, eux devraient s’abstenir de parler. Certes, certains Suisses s’expriment en français, mais d’une lenteur désespérante capable d’endormir l’interlocuteur le plus attentif. D’ailleurs, sur le fond, pour ce pays économe, qu’importe le langage pourvu que l’on sache compter.
Je passe sous silence quelques états confettis comme le Luxembourg ou Monaco. En cas de disparition suite à un cataclysme local, personne ne s’en apercevrait.
Reste, bien sûr les Canadiens, ce peuple fier dopé au sirop d’érable, habitant cet immense pays traversé d’est en ouest – ou inversement – par la route transcanadienne permettant d’admirer, à gauche la forêt, à droite la forêt, sans oublier l’horizon caché par… la forêt. Ne retenir que cette particularité serait pourtant réducteur, notons également les caribous, les bélugas ainsi que le chaboisseau à épines courtes du Saint-Laurent. Notez que les femmes des Canadiens s’appellent les Canadiennes, dont la chaleur naturelle préserve l’honnête homme des frimas habituels sous ces latitudes. Cela dit, une précision s’impose, nous avons deux sortes d’autochtones : les Canadiens anglophones qui parlent avec les angles et ne nous intéressent pas, et les Québécois, nos lointains cousins d’Amérique que personnellement j’affectionne particulièrement. Voilà de vrais défenseurs de notre belle langue ; ils ne manquent pas d’ailleurs de fustiger notre propension à emprunter au franglais.
Ces damnés Québécois ont l’art d’utiliser des termes fleuris : – la débarbouillette pour le gant de toilette – le magasinage pour le shopping – un chien-chaud pour le hot-dog – une bibitte pour un insecte – un char pour une voiture. Leurs expressions quant à elles sont tout droit sorties d’un cabinet de curiosités : – Se calmer le pompon, garder la tête froide – Passer la nuit sur une corde à linge, passer une nuit blanche – Avoir de la mine dans le crayon, être un chaud lapin – Niaiser avec le puk, tourner autour du pot . J’avoue, sans honte, qu’une de mes préférées est cette dernière, hautement blasphématoire : Osti de câlisse de ciboire de tabarnak correspondant à nom de Dieu de bordel de merde ! Donc, nous avons là de véritables défenseurs de la langue de Molière, seul problème, nos amis d’outre-Atlantique ne sont pas assez nombreux pour justifier une première place.
En fait, la gagnante du pompon est… La République démocratique du Congo ! Etonnant non ? D’autant que l’ancien colonisateur de ce pays était… la Belgique ! La langue officielle de ce deuxième plus vaste pays d’Afrique est donc le français, parlé par près de 90 % de la population, estimée à 115 millions d’habitants avec une projection à 215 millions en 2050 ! Comme nos amis Québécois, ces derniers n’ont pas manqué d’enrichir leur vocabulaire par des expressions telles que : – Cadeauter, faire un cadeau – Une eau à ressort, eau gazeuse – Avoir un deuxième bureau, avoir une maîtresse – Avoir des boules, être créatif. Tout cela est fort sympathique, mais nos chères têtes blondes ont du plomb dans l’aile !
A propos, concernant ces dernières, il semblerait que la compréhension de l’écrit des élèves abordant la sixième ne cesse de reculer. Une question me turlupine : aurions-nous enfanté une génération de sombres abrutis… ou la méthode d’apprentissage (cf. Méthode globale) en est-elle le glorieux résultat ?
Par arrogance, par paresse intellectuelle, par avarice…etc, nous avons perdu en 30 ans ce qui malheureusement avait été acquis à la pointe de la baillonette et avec la bénédiction des pères blancs. Nous n’avons pas su prendre le tournant depuis la chute du mur de Berlin et nous continuons toujours de poussr ce cri familier du galinacé perché sur son tas de fumier tout comme sur un tas de cendre.
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