Chalet d’Azet : une histoire de camaraderie.

Le projet :

A l’été 2014, installés à Arcachon, depuis notre retour en France, nous avons décidé de passer quelques vacances d’été à la montagne.

Nous avons choisi la Vallée d’Aure, dans les hautes Pyrénées, pour louer à Estensan, petit village situé sur les hauteurs de la station de sky de Saint-Lary.

Ces vacances nous ont conforté dans l’idée d’acheter une résidence à la montagne pour des séjours courts de loisirs personnels avec notre famille et nos amis. Cette possibilité nous offrirait également une plus grande facilité à louer, sur les deux mois de vacances d’été, notre résidence principale à Arcachon, location justifiée par un bon rendement financier.

De Octobre 2014 à Janvier 2015, nous avons consacré ces quelques mois, d’une part à l’étude de ce projet d’acquisition d’une grange ainsi qu’à la recherche rationnelle sur le secteur.

L’étude à mis en évidence qu’un certains nombres de conditions restrictives étaient à respecter et que le nombre de produit à la vente, sur ce secteur, dans ces conditions, était faible.

En effet, souhaitant acquérir un bien immobilier à fort caractère régional, à savoir une grange Pyrénéenne traditionnelle en pierre, le marché proposait deux types de biens :

  • Les granges, dénommées « granges foraines » qui sont à l’origine des granges d’estives, construites à l’époque où les gardiens, de vaches ou de moutons, y résidaient l’été. Elles étaient aujourd’hui abandonnées, car les moyens de déplacements actuels permettaient aux éleveurs de surveiller leurs troupeaux, au départ de leur village d’habitation.
  • Les granges de village, plus rares à la vente, car encore très largement utilisées pour le bétail en période hivernale.

Bien que, beaucoup moins chères, nous avons abandonné l’idée d’acquérir une grange foraine, que trois contraintes rendaient incompatible à notre projet. En pleine nature, isolées à flanc de colline, ces granges n’ont pas d’accès autre que piétonnier et le chemin d’accès est impraticable en période d’enneigement. Ces bâtiments ne sont pas viabilisés et y produire eau et électricité par ses propres moyens, n’est pas facile. Malgré notre expérience de cette autonomie, par notre passé exotique, sous le climat rigoureux des Hautes-Pyrénées cette contrainte devenait majeure. Enfin, il arrivait que l’isolement de ces granges attire l’attention de voleurs, qui en vidaient le contenu.

Nous avons donc concentré nos recherches sur les granges de village en sélectionnant quelques critères importants. Les villages sont plus ou moins bien exposés suivant leur implantation par rapport à l’ouverture plus ou moins grande sur la vallée et cela influence très sensiblement l’ensoleillement et l’humidité. Les habitants locaux savent bien les « bons » et les « mauvais » villages, par rapport à ce critère. Nous avons donc sélectionné géographiquement les villages. La position recherchée devait être en bordure de village offrant ainsi une belle vue, car, pour des raisons pratiques, les habitations en village sont très regroupées sur un petit centre, ce qui impose du vis-à-vis.

La grange choisie :

Ensuite, nous avons ratissé le terrain, avec ces critères en tête, pour visiter quelques biens disponibles, pour enfin trouver la grange qui nous convenait à Azet, ce petit village posé à 1200 mètres d’altitude, sur la colline dominant Saint-Larry, en direction du col d’Azet à 5 kilomètres, qui conduit à la vallée du Louron. Idéalement situé en bordure de l’entrée du village et offrant une vue « imprenable » sur la vallée d’Aure.

Cette grange était entièrement à rénover et aménager, mais sa toiture en ardoises couteuses, avait été remise en état, avec une charpente impeccable. Elle possédait deux accès séparés sur deux niveaux différents, dus à la pente naturelle. Des travaux importants sur le gros œuvre étaient nécessaire et tout était à imaginer et à construire pour l’aménager en habitation. Cela nous permettrait ainsi de la faire à notre manière.

Après avoir bloquer le principe de l’achat, nous avons pris le soin de vérifier la bonne obtention d’un permis de construire, et d’une découpe cadastrale en deux lots qui nous convenait.

L’étude des travaux :

Comme à notre habitude nous avons pris le soin d’une bonne et longue préparation, afin de fiabiliser, tant le délai de rénovation que son coût, en élaborant un dossier détaillé des travaux à réaliser.

Outre l’élaboration des plans, cela passe par la définition des matériaux à utiliser, le chiffrage, la manière de réaliser les travaux, et le planning de mise en œuvre, pour finir par une maquette du bien terminé. Ermelinda prend une part importante de ce travail, par sa capacité de conception et ses choix sur l’aspect du bien jusqu’à la décoration. C’est donc un travail d’équipe important, car c’est notre moyen le plus sûr de sécuriser la réussite du projet.

Le permis de construire obtenu en juin 2015, nous avons validé notre achat en Juillet 2015. Les travaux de gros œuvre en maçonnerie, (principalement la réalisation des ouvertures, l’installation d’un plancher hourdis, les chapes des sols et le passage des réservations des évacuations), les travaux de couverture et les menuiseries extérieures ont été sous-traités à des entreprises locales, pour conserver la totalité des travaux de second œuvre et d’aménagement, par nos soins.

Ils comprennent ;

  • La fabrication des cloisons, des doublages, de l’isolation,
  • La réalisation des sols, des plafonds, des escaliers,
  • Les travaux de plomberie,
  • L’électricité, la ventilation, le chauffage,
  • Les menuiseries intérieures et les revêtements,
  • L’installation du matériel technique et des sanitaires,
  • La réalisation d’une cheminée et d’une cuisine équipée,
  • L’aménagement et la végétalisation des espaces extérieurs,
  • Les équipements divers, la décoration et l’équipement du mobilier.  

Bien dire fait rire, bien faire fait taire :

Cette recherche fastidieuse et l’importance quantitative et qualitative des travaux à réaliser, justifient de porter une attention particulière au principal partenaire qui va partager cette mission avec moi, car j’ai décidé de me lancer dans l’aventure avec un compagnon. Je pressentais ce choix comme déterminant à la réussite du projet : l’avenir allait clairement démontrer que ce sentiment était justifié.

J’avais, dans mon carnet d’adresse, deux candidats connus possibles. Bruno, camarade de nombreux parcours communs et variés entre Madagascar et la France et Laurent, un garçon que m’avait présenté Sandy, la nièce d’Ermelinda, et avec qui, j’avais partagé la rénovation d’un bien significatif sur Arcachon.

J’étais donc au départ très heureux de la disponibilité de Laurent qui serait un acteur déterminant dans cette réussite.

Une fois les travaux de gros œuvre largement avancés, nous avons donc attaqué, en juin 2016, la construction de l’appartement du rez de chaussé constituant un lot séparé destiné à la revente. Ces trois premiers mois nous ont offert l’occasion de régler notre organisation quotidienne et de permettre à Laurent d’affiner des techniques qu’il connaissait peu, mais qu’il apprenait, grâce à sa volonté et sa capacité à comprendre, particulièrement rapidement.

Il est donc rapidement devenu parfaitement opérationnel et autonome, pour le montage de doublage de cloisons ou de plafonds en placoplâtre sur rail avec isolation, pour la pose des câbles électriques et l’installation des arrivées sanitaires ou des évacuations.

J’avais loué une maison dans le village, à 100 mètres du chantier. Nous y partagions nos repas et nos repos dans un esprit de bonne camaraderie. Azet est un petit village de montagne où la bonne intégration passe par un contact inévitable avec la population, essentiellement des familles d’éleveurs. Nous avions convenu que notre assiduité au travail pouvait être cependant interrompue par des poses consacrées au grès des contacts quotidiens. Cela nous a permis de très bonnes relations avec les locaux et nous a servi d’une image de marque positive de travailleurs sérieux. Je rentrais en fin de semaine à Arcachon, pour passer le week-end en famille, et revenais le lundi, ma Partner Peugeot bleu EDF, chargée de matériaux utiles au chantier. Laurent restait sur place en travaillant le samedi et souvent même le dimanche, ce qui ne l’empêchait pas de tisser des relations sympathiques et valorisantes avec les Azetois. François, un habitant du village, quelques peu « hors circuit » est ainsi devenu, à travers ses visites quotidiennes, une connaissance privilégiée par ces bonnes relations avec Laurent, tout à fait adapté à comprendre, sans jugement, la vie « décalée » de François.

Trois bons mois auront donc suffi à la réalisation de ce premier lot, que je pouvais ainsi mettre à la vente en octobre 2016, pour le céder en novembre à une famille sympathique.

Ma trésorerie ainsi alimentée, nous permettait donc le lancement sans interruption, des travaux principaux de construction du chalet.

Nous y sommes venus à bout en produisant ensemble (Laurent, Christian et moi) 3500 heures de travail sur 10 mois, en évacuant (en dehors du gros œuvre) 12 tonnes de matériaux divers, en installant 21 tonnes de matériaux et d’équipements.

Ce qui l’en reste :

Je dis chalet et non grange car nous avions choisi une option particulière qui consistait à réaliser cette construction avec l’apparence intérieure d’un chalet savoyard ou le bois prédominait dans une coquille de pierre traditionnelle de grande pyrénéenne. Ceci était une vraie innovation car ce modèle n’existait pas localement.

Laurent y aura ajusté par sciage et cloué plus de 3000 planches de merisier, pour habiller les 800 mètres carrés des murs et plafond. Il est ainsi devenu le meilleur ami de Paslode, ce cloueur pneumatique, qu’il s’était greffé sur la main droite, qu’il ne quittait que pour dormir, et pour pardonner à cet outil, les quelques colères inévitables lorsqu’une cartouche de gaz venait à défaillir. (Car Laurent peut être coléreux !)

Il nous aura fallu dix mois assidus pour terminer ce travail, aidé sur les trois derniers mois par mon camarade Christian, venu nous rejoindre et très utile à certaines finitions.

Laurent, Christian, Jean-Paul : trois personnalités bien différentes à priori, mais qui, unies par le travail et avec un objectif commun, ont valorisé leur différence pour en faire une force de partage, dans la camaraderie saine et productive. En avril 2017, nous pouvions observer, non sans fierté cette réussite que tous nos visiteurs reconnaissaient.

Ce parcours a l’apparence d’une réussite technique, mais en réalité c’est avant tout une histoire marquante de camaraderie qui nous laissera un souvenir indélébile.

Je ne vous dirai pas tout sur Laurent, pour vous laisser le plaisir de le découvrir, si vous le rencontrez, mais suffisamment cependant pour justifier la grande estime que je lui porte et ma reconnaissance d’avoir laissé, dans mes souvenirs, ce qui restera comme l’essentiel de la réalisation de ce projet : Une belle aventure humaine que la chance des circonstances de rencontre nous offre rarement. Sans cette équipe unie dans la simplicité et l’humanité, ce chalet n’existerait certainement pas.

Nous avons su faire de nos défauts respectifs de caractère, ô combien nombreux, des qualités, en transformant nos colères en force d’action, nos faiblesses en force de compréhension et nos souffrances en jouissance. 

C’est bien cela, et la seule chose importante, qui domine mes pensées ou mes rêveries, quand j’observe, devant le feu de cheminée, ce plafond en merisier, ce plancher en chêne, l’habillage de la poutre qui me surplombe, ou tel détail qui me rappelle un moment particulier de crise, de débat ou d’amusement.

Ce qui n’aurait pu être qu’un simple rappel d’une construction un peu compliquée, s’est mutée en souvenir d’une amitié dans l’effort soutenu, et le partage de notre volonté à réussir notre mission. C’est quand même une dimension plus valorisante et plus pérenne, qu’un simple constat d’une bonne réalisation de construction.

2 commentaires sur « Chalet d’Azet : une histoire de camaraderie. »

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