
Sur la mort et la bêtise
Au sens religieux, je ne suis pas croyant.
Cela m’autorise à penser que la mort, comme la connerie, ont de commun qu’elles emmerdent tout le monde sauf ceux qui le sont, car ceux qui le sont, ne le savent pas. Seuls les autres en souffrent.
J’ai de bonnes raisons de penser que je serai bientôt mort, et j’ai les plus gros doutes sur ma connerie, sans en être pour autant sûr.
Si ces deux conditions sont répandues, la mort domine car elle tue la connerie alors que malheureusement la connerie ne tue pas la mort.
Il existe beaucoup de statistiques sur la mort, faites certainement par des gens trop intelligents, pour en faire sur la bêtise.
Sur la chance
Par contre, j’ai de la chance. Je ne peux affecter ce bénéfice à une quelconque autorité divine mais simplement à un avantage bien supérieur à la moyenne statistique. Pour moi, la chance et la malchance s’équilibre sans pour autant se répartir équitablement. J’imagine bien alors, combien est grand le nombre de ceux qui sont particulièrement malchanceux, pour l’être si peu moi-même.
Les occasions me sont données quotidiennement du bien fondé de mon sentiment.
A voir, ainsi, le nombre impressionnant de ceux qui subissent, ceux qui vivent tout comme une injustice, faute de chance, je me trouve bien heureux de constater que je suis, pour l’essentiel, le seul producteur de mes souffrances. J’ai même le sentiment de préparer avec une attention particulière et une patience sans nom, l’organisation de mes futures déconvenues. Je n’ai le plus souvent que ce que je mérite. C’est en fait très confortable, car c’est sans rancœur que je vois venir mes problèmes.
Sur les trois
Être vivant, bête et chanceux sont quand même les moyens les plus sûrs de se croire intelligent, sans compter que la pratique intensive de ces trois caractéristiques améliore rapidement ses propres performances.
La bêtise ne recule devant rien, elle peut franchir tous les obstacles que la chance seule, ne surmonterait pas. La chance reste cependant aléatoire contrairement à la bêtise : tout est donc possible, en particulier le pire, il suffit d’être patient.
Quand la chance passe, si vous ne la saisissez pas, elle peut tourner et disparaître. La bêtise ne tourne que pour revenir aussi vite qu’elle est partie et plus on pratique, plus vite elle revient, c’est magique. Beaucoup cherchent la chance comme les joueurs par exemple : on dit qu’ils tentent leur chance. Mais, des joueurs qui cherchent la chance, on en trouve alors que des joueurs qui trouvent la chance, on en cherche.